Haïti débat / Le paysage politique haïtien : Une grande bataille s’annonce après le départ de Jovenel Moise
Après six semaines tétraplégiques, le pays se trouve, plus que jamais, dans une situation de grande incertitude. S’il est vrai que la tendance du moment, avec le soulèvement de tous les secteurs de la vie nationale, exige la démission du président de la République qui fait preuve jusqu’à présent d’une grande résistance, le décor actuel de la scène politique ne laisse pas transparaitre de la stabilité, immédiatement après le départ de Jovenel Moise.
En vue de projeter la bataille qui s’annonce après le départ de Jovenel Moise, l’expérimenté journaliste, Garry Pierre Paul Charles, a survolé, ce mardi 22 octobre 2019, lors de la retransmission de l’émission Haïti débat, le cheminement de la lutte qui nous a conduit aujourd’hui à cet atmosphère de sédition. Il a anticipé par ailleurs la convergence et la divergence qu’il y aura au sein de l’opposition plurielle.
Cette lutte, pour le départ du chef de l’État en vue de la réalisation du procès Petro Caribe qui débouche maintenant sur une bataille pour changer le système établi, commence depuis tantôt un an avec le secteur démocratique et populaire, monté, entre autres, autour de Me André Michel, Nènèl Cassy, Antonio Chéramy, Évalière Beauplan, Ricard pierre.
En désaccord avec la politique de Jovenel Moise jugé incompétent, quelque temps plus tard, des personnalités telles que Youri Latortue, Saurel Jacinthe, des anciens partisans du pouvoir, ont rejoint l’aile dure de l’opposition. De concert avec les autres sénateurs de l’opposition, ces derniers ont réussi à bloquer les deux premiers ministres désignés par le président de la République, en la personne de Jean Michel Lapin et Fritz William Michel.
Depuis le blocage infligé au PM nommé Fritz William Michel, la bataille se fait dans les rues avec une cascade de manifestations sans cesse, très souvent violentes, émaillées de scène de pillage et de casse, avec des pneus enflammés partout. Les acteurs de l’opposition usent de toutes leurs armes pour contrer l’administration en place jusqu’à l’affaiblissement du pouvoir de Jovenel Moise.
Constatant la faiblesse du pouvoir, les protagonistes frondeurs ont mis sur pieds une structure dénommée l’Alternative Consensuelle pour la Refondation d’Haïti signée par plusieurs organisations de la société civile, du secteur privé économique, de base et populaire, dont la plateforme appelée MOCEC issue de la ville de Mirebalais.
Par la suite, l’opposition démocratique et populaire a monté une commission de passation de pouvoir, qui sera chargé de constituer un gouvernement pour éviter un vide gouvernemental, afin d’avoir le contrôle de la gestion de la prochaine équipe. Elle pense charrier toutes les revendications populaires.
Au cours de l’évolution de la crise, une autre structure baptisée Passerelle, composée des figures de la société civile, de la classe des affaires comme Bernard Craan, qui ne s’était pas investie dans la lutte sur le pavé, a fait surface. Conçue pour faire le pont entre l’actuel pouvoir et l’opposition, elle se positionne maintenant par rapport au prochain pouvoir. Elle est sortie de sa cachette et se bat pour son intégration.
Dans la foulée, en vue d’entreprendre un processus de dialogue avec ses adversaires, Jovenel Moise avait formé une commission qui s’est dissoute avec la conférence de presse qu’il a donnée au palais national, le mardi 15 octobre dernier.
Nous devons souligner aussi l’apparition du regroupement connu sous le nom de « Mache Kontre » construit avec des partis comme la fusion, l’OPL, entre autres. Si l’Alternative et la Passerelle se convergent, vont dans le même sens en proposant de choisir le président qui doit remplacer Jovenel Moise au pouvoir entre les juges de la Cour de Cassation, ce consortium suggère quant à lui de faire le choix parmi les organisations politiques et les membres de la société civile. L’ensemble des structures de l’opposition expriment ainsi deux positions différentes, mais s’entendent sur le même objectif, le départ du président de la République.
Au cas où la proposition qui recommande de choisir du président dans la Cour de Cassation serait adoptée, le secteur démocratique va devoir trouver un terrain d’entente avec les représentants du regroupement Mache Kontre.
Mozard lombard,
Journaliste/Rédacteur de la radio Télé Scoop,
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