Haïti débat / Les États-Unis exigent le dialogue : l’aile dure de l’opposition se courbera-t-elle à l’injonction américaine ?
Après avoir rencontré les différents acteurs et secteurs de la vie nationale sur la crise chronique qui bouleverse Haïti depuis tantôt un an et qui est maintenant à une semelle de son pic, une situation de chaos généralisé, les autorités américaines ont tranché. Sur un ton injonctif, les États-Unis appellent les acteurs haïtiens au dialogue. Ils invitent les protagonistes à travailler ensemble pour le dénouement de la crise en exprimant leur position pour la paix, contre la violence, et en déplorant le blocage actuel du pays.
Dans un communiqué rendu public le jeudi 24 octobre écoulé, les autorités américaines ont réitéré leur position pour le dialogue face à l’intransigeance de certains protagonistes de l’opposition plurielle du pays.
« Les États-Unis continuent d’encourager tous les acteurs politiques, économiques et de la société civile à entamer sans tarder ou sans conditions préalables un dialogue inclusif en vue de déterminer la voie à suivre pour constituer un gouvernement opérationnel qui servira le peuple haïtien et répondra aux préoccupations économiques et sociales pressantes du pays », a dit le communiqué.
Dans cet extrait de la note, les dirigeants américains indiquent implicitement, à travers le verbe « continuer », que ce n’est pas aujourd’hui qu’ils encouragent les protagonistes haïtiens au dialogue. Ils ne les invitent pas à un dialogue de partisans, exclusif, mais inclusif, c’est-à-dire qui prendra en compte tous les acteurs et secteurs de la vie nationale. Ce dialogue doit être entamé sans tarder, c’est-à-dire sans perdre de temps. Il doit être aussi entrepris sans conditions préalables, autrement dit sans conditions antérieures.
Les États-Unis rejettent ainsi, la position qui indique pour qu’il y ait de dialogue entre le pouvoir et l’opposition il faut que le président de la République accepte de mettre son mandat sur la table des négociations. Les États-Unis exigent le dialogue en vue de monter un gouvernement opérationnel. Autrement dit, pour les américains, le gouvernement qu’il y a actuellement en Haïti n’est pas opérationnel. Non seulement, celui-ci n’est pas opérationnel, il ne sert pas non plus le peuple haïtien ni ne répond pas aux préoccupations économiques et sociales pressantes du pays.
L’Ambassade américaine, dans cette note, tout en leur donnant des instructions, encourage les dirigeants haïtiens à travailler ensemble. Ainsi, elle dénonce le manque de collaboration au sein de la classe dirigeante haïtienne.
L’Ambassade américaine dénonce aussi la violence qui règne dans le pays et la tendance anti démocratique du moment. « Les dirigeants haïtiens doivent travailler ensemble pour trouver une solution pacifique et démocratique, avec un sens accru de l’urgence », a écrit le communiqué.
Si les autorités américaines exhortent leurs homologues haïtiens à travailler ensemble avec un sens accru de l’urgence, c’est parce qu’elles estiment que ces derniers n’ont pas un grand sens de l’urgence. Autant dire, pour les américains, les dirigeants haïtiens se trainent et s’attardent.
Les représentants américains, dans ce texte, rappellent la souffrance du peuple haïtien. Ils expriment leur soutien aux défenseurs de la paix dans le pays. « Le peuple haïtiens souffre, nous sommes aux cotés des Haïtiens qui attachent de l’importance à la paix en appelant avec courage à la reddition des comptes », ont-ils indiqué. Dans ce passage, l’ambassade souligne le courage des haïtiens qui luttent pour la reddition des comptes à savoir le procès du Fonds Petro Caribe.
Les autorités américaines réprouvent le blocage du pays, tacitement le phénomène de pays lock, qui, de leur point de vue, entraine la violence, une montée en flèche des besoins humanitaires et l’interruption de la vie quotidienne du peuple haïtien. « Les États-Unis déplorent le blocage actuel en Haïti, qui contribue directement à la violence, à une montée en flèche des besoins humanitaires et à l’interruption de la vie quotidienne du peuple haïtien », a énoncé l’ambassade.
Mozard Lombard,
Journaliste/Rédacteur de la Radio Télé Scoop,
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