Haïti débat / L’opposition politique et le remplaçant de Jovenel Moise : Edmonde Supplice Beauzile invite les acteurs à chercher ensemble son successeur sur une feuille blanche
En vue de constituer une véritable force pour renverser le pouvoir en place, l’opposition politique haïtienne, à travers ses trois principales branches, à savoir l’Alternative, Passerelle et Mache Kontre, se lance, depuis quelque temps, dans une dynamique de rassemblement. Ces dernières semaines, les représentants de ces différentes branches se sont rencontrés sur la table de discussion afin de trouver un consensus autour de la personnalité qui doit remplacer Jovenel Moise à la tête du pays.
Avec l’infiltration de la Passerelle et de la plateforme Mache Kontre dans la lutte que les leaders de l’Alternative ont embrassée beaucoup plus tôt, le mouvement se renforce en termes de représentativité. Les acteurs sont tous conscients de l’importance d’un grand rassemblement pour un large consensus afin de convaincre la population et la communauté internationale sur un projet commun pour sortir le pays de cette situation de crise intenable, mais sont incapables véritablement de faire une certaine concession.
Les leaders de l’Alternative revendiquent le pilier du mouvement. Tout en multipliant des rencontres, ils se gardent de ne pas se faire confisquer la bataille. « Nous n’allons pas nous faire enlever la lutte. Nous ne pouvons pas laisser à d’autres structures de récupérer le mouvement », a indiqué Assad Volcy, le coordonnateur du parti ODEP Haïti, qui dit reconnaitre l’apport et la contribution des autres acteurs dans le mouvement.
Pour Assad Volcy, l’Alternative est le fer de lance du mouvement. Toutefois, il reconnait que le regroupement auquel il appartient n’est pas la seule structure sur le terrain. Il qualifie les autres protagonistes de camarades politiques parce qu’ils portent aussi, dit-il, les revendications du peuple.
Dans cette lutte intra-oppositionnelle, Edmonde Supplice Beauzile, du consortium Mache Kontre, appelle les protagonistes des autres plateformes à un véritable dialogue pour un grand accord. Elle croit que l’opposition n’est pas encore apte à prendre une série de décisions. Selon elle, le pouvoir décisionnel viendra avec un large consensus.
Contrairement aux responsables de l’Alternative, Madame Beauzile dit ne pas s’inscrire dans la logique de la Cour de Cassation comme instance d’où l’on peut choisir le remplaçant de l’actuel président de la République. Elle refuse ce recours parce que, d’après elle, cet organe judiciaire comporte des juges corrompus.
« Nous ne partageons pas l’idée de la Cour de Cassation pour choisir le président. Jovenel Moise de sa propre bouche disait qu’il avait nommé 50 juges corrompus dans les institutions judiciaires. Certains de ces juges travaillent dans la Cour », a avancé l’ancienne sénatrice du département du Centre.
La coordonnatrice du parti Fusion pense que le plus important, dans cette conjoncture’ ce n’est pas de savoir qui est le fer de lance de la bataille. Elle indique pouvoir, elle aussi, le revendiquer comme les responsables de l’Alternative, parce que les militants de son organisation s’engagent également dans la lutte dans les différentes villes du pays.
« Nous nous battons pas pour notre parti Fusion. La bataille que nous menons, nous la menons pour Haïti. Ce qui importe, c’est de définir les critères suivant lesquels on doit choisir le président afin de résoudre les problèmes du pays. Cherchons ensemble le président au plus vite sur une feuille blanche », recommande l’ancienne candidate à la présidence.
Mozard Lombard,
Journaliste/Rédacteur de la Radio Télé Scoop,
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