Libre édito / Caducité de la 50e législature : Un manque à gagner pour le pays
Le constat de la caducité de la 50e législature haïtienne, avec le départ des députés et 2/3 du Grand Corps, par le président de la République, Jovenel Moise, a anéanti le tiers des dix sénateurs restant et consacre un vide institutionnel au sein de l’État haïtien. Ce vide constitue un manque pour la démocratie en Haïti, mais conforte l’opinion publique haïtienne dans laquelle ont été vertement critiqués les parlementaires.
Alors que le parlement haïtien est très budgétivore, la 50e législature haïtienne était une déception pour le pays, en termes de résultat. Décriée dans l’opinion publique, tout au long de son mandat, cette 50e législature a eu un bilan plus que catastrophique. Ses députés et sénateurs, dont les principales missions consistaient à contrôler les actions de l’exécutif et à légiférer, ont fait main mise, de préférence, sur les différents gouvernements que connait le pays de 2017 à nos jours. Ils y imposent plusieurs directeurs généraux, secrétaires d’État et ministres.
Ces parlementaires haïtiens ont complètement failli à leur mission. Ils ont privilégié leurs intérêts mesquins au détriment des intérêts de la nation. Ils n’ont presque réalisé aucune séance durant tout leur mandat. Les moindres séances qu’ils sont arrivés à réaliser ne se réalisent que pour ratifier ou renvoyer un gouvernement. Pour entériner une équipe gouvernementale, en dépit de l’intégration de leurs représentants dans ce gouvernement, ils exigent la réception de grosse sommes d’argents estimant à des milliers de dollars américains, pendant que dépérit la population dans la misère. Cette 50e législature, nous devons le rappeler, marchait de scandale en scandale. C’était un véritable champ de bataille, de querelle et de corruption.
La chambre basse n’a presque voté aucun projet de loi. « Seulement deux (2) députés sont parvenus à faire voter leur projet. Il s’agit de Cyprien Price et de Garry Baudeau », a nous a souligné, le directeur de la Radio Télé Scoop, Garry Pierre Paul Charles, lors de la retransmission de l’émission Haïti débat du mardi 14 janvier 2020.
Environs Cinquante (50) projets de loi, ajoute le journaliste sénior, ont été bloqués au Sénat de la République. Pas plus que deux sénateurs de cette 50e sont parvenus à faire voter leur projet : Youri Latortue et Évalière Beauplan.
Cette 50e législature haïtienne, dont le président a constaté le départ lundi dernier, n’a pas de bilan. Après son départ, l’État haïtien a un vide parlementaire. Ce vide parlementaire n’est pas sans conséquence. Le parlement, il faut l’avouer, est une institution clé pour la démocratie. Autant dire, il n’existe pas de démocratie sans parlement. Pour combler ce manque indispensable à la démocratie haïtienne, l’État doit renouveler ipso facto son personnel parlementaire.
Si la 50e législature causait beaucoup de torts à la nation, la 51e doit impérativement marquer la différence, en respectant littéralement ses attributions et préservant les intérêts supérieurs de la nation. L’expérience de la 50e aurait dû être une opportunité pour restaurer l’image du parlement et renforcer toutes les institutions de l’État haïtien.
Mozard Lombard,
Éditorialiste de la Radio Télé Scoop,
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