Libre édito / Recrudescence de l’insécurité et Arrestation : La justice haïtienne, entre passif et actif
Le climat de terreur qui règne au Bicentenaire dénude toute l’impuissance de l’État haïtien. À quelques mètres du Palais National, le Boulevard Harry Truman, nouvellement baptisé « Var », c’est-à-dire un endroit épouvantable, un endroit à éviter, est devenu une poudrière. La domination des gangs armés dans cette région de la Capitale haïtienne constitue un grand passif pour les autorités judiciaires d’Haiti qui ont réalisé, toutefois, un gros coup de filet, le weekend écoulé, de concert avec les forces de l’ordre dominicaines, en terre voisine, en procédant à la capture de Clairjeune Juste Chandoux, l’un des présumés assassins du journaliste de la Radio PANIK FM de Mirebalais, Néhémie Joseph.
Construit en 1949 par le président, Léon Dumarsais Estimé, à l’occasion de la commémoration des deux cents ans de la fondation de la ville de Port-au-Prince, le Bicentenaire est devenu aujourd’hui un coupe gorge, un lieu où l’on risque de se faire assassiner, un lieu de terreur pour les habitants, les passants, les chauffeurs, les passagers et même pour les responsables irresponsables haïtiens. Conçu pour être un prototype en matière de site touristique, cette région de la première ville du pays, qui rallie Martissant à La Saline, est devenue un endroit malfamé.
L’incapacité des autorités à rétablir de l’ordre sur le rivage de la mer de Port-au-Prince peut intriguer la population sur la sécurité du carnaval qui va se dérouler dans la capitale haïtienne du 23 au 25 février prochain et dont le parcours est à une semelle de la sphère d’influence des bandits.
La situation d’insécurité qui prévaut sur le littoral du Bicentenaire, de jour en jour, prend une proportion démesurée. De plus en plus, la côte de Port-au-Prince se vide. La population fuit la barbarie, la violence, le massacre. Plusieurs personnes ont été tuées par balles et brulées vives par des bandits armés qui ont incendiés des maisons, samedi dernier, dans la Cité de l’Éternel et la Cité de Dieu, lors d’une invasion sanguinaire qui a eu lieu en plein jour.
Pendant que le bas du centre-ville de Port-au-Prince défie l’État haïtien, la justice haïtienne a réalisé vendredi passé un grand coup dans le dossier du journaliste de la Radio Panik FM de Mirebalais, Néhémie Joseph, lâchement assassiné dans la soirée du jeudi 10 octobre 2019, dans les parages du parc Bayas, non loin de la ville, en appréhendant l’un de ses présumés meurtriers.
Si la frayeur du VAR représente un passif, c’est-à-dire une dette pour les dirigeants haïtiens envers la population, l’arrestation du présumé prédateur de Néhémie Joseph constitue un actif pour les autorités judiciaires haïtiennes. Un pas important dans la quête de justice pour le journaliste qui avait dénoncé, sur les réseaux sociaux, avant sa mort, des personnalités qui complotaient son propre assassinat.
Mozard Lombard,
Éditorialiste de la Radio Télé Scoop,
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