Haïti débat / Les causes du regain du kidnapping : Garry Pierre Paul Charles dénonce les politiques, les entrepreneurs et le haut état-major de la PNH
Le pays est politiquement gangstérisé. Près de 105 gangs ont été recensés à l’échelle nationale ces derniers temps. Plus de 270 milles armes à feu sont en circulation sur le sol haïtien entre les mains des civils, selon l’ONU. Le torchon brule au sein du haut-état-major de la PNH. L’insécurité bat son plein en Haïti. La population est terrorisée. Nous sommes à l’ère du kidnapping.
Le kidnapping n’est pas innocemment redevenu en vogue. Les déterminismes sont là. La recrudescence des actes d’enlèvement dans le pays, notamment dans la métropole de Port-au-Prince, ne tombe pas du ciel. Les vendeurs et distributeurs d’armes à feu, le brigandage politique, la dissension au sommet de la PNH et l’entrepreneuriat haïtien en sont responsables, nous explique l’analyste politique Garry Pierre Paul Charles.
Pendant la période de pays lock, détaille le journaliste sénior, pour contraindre le président Jovenel Moise à quitter le pouvoir, des militants ont été armés, particulièrement dans les quartiers populaires, par des leaders de l’opposition. Se positionnant derrière des barricades, ces militants se sont servis de leurs armes pour rançonner des passants, des passagers et des conducteurs de véhicules. Après les événements de blocage du pays, les pistolets n’ont pas été récupérés.
Pour contrecarrer le mouvement de l’opposition, le pouvoir, à l’instar de ses objecteurs, avait utilisé aussi des bandits. Il les équipait en argents et en minutions. En plus du jeu politique, les bandits ont été utilisés également pour la protection des entreprises privées. Les entrepreneurs fournissent aux caïds non seulement des revolvers mais aussi de forte sommes. Le banditisme est un phénomène enrichissant en Haïti. Nos bandits sont devenus très riches.
Alors que les politiques et la bourgeoisie alimentent les malfrats, le haut état-major de la Police Nationale d’Haïti est plongé dans une situation conflictuelle. Les responsables de la PNH sont en lutte pour le commandement de l’institution.
Le PDG de la Radio Télé Scoop dénonce un problème de cohésion au pinacle de la police. Il fustige la passivité des autorités judiciaires qui, d’après lui, ne prennent aucune disposition pour contrôler les douanes, les frontières du pays par où passent les flingues, et la circulation des armes à feu sur le territoire national.
« Nous sommes dans une situation où des individus armés échappent au contrôle des autorités », a fait savoir Garry Pierre Paul Charles qui croit que le pays frôle le chaos.
Mozard Lombard,
Éditorialiste de la Radio Télé Scoop,
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