Scoop édito / Coronavirus-décès : Les hypertendus, les diabétiques, entre autres, doivent être davantage sensibilisés
Quatre (4) semaines après l’annonce officielle des premiers cas avérés au Covid-19 dans le pays, Haïti ne connait pas encore une propagation rapide de la maladie. La lenteur de progression du coronavirus sur notre territoire devait être un facteur positif pour nous pour contenir son développement. Malheureusement, nous nous sommes laissé dominer par notre instinct de défaitisme. Nous persistons à prophétiser nos malheurs.
Au mercredi 15 avril 2020, nous avons dénombré 41 cas de contamination et trois (3) décès liés au coronavirus dans le pays, selon les autorités sanitaires. Le rythme avec laquelle progresse la maladie nous laisse suffisamment de temps pour éviter une situation de carnage à l’italienne, l’américaine, la française et l’espagnole.
Contrairement à l’épidémie de choléra déclarée le 10 octobre 2010, qui nous avait grandement surpris, de laquelle 14 600 personnes avaient été hospitalisées et 900 cas de décès avaient été enregistrés en moins d’un mois, le Covid-19 aurait dû ne pas causer une tuerie en Haïti si nous prenions toutes les dispositions.
Nous devons faire un inventaire de la maladie dans le pays. Le coronavirus ne s’est pas encore transformé en épidémie sur le territoire national. Pourtant, les discours épouvantables s’appuyant sur nos manquements se répandent dans notre milieu.
La communication traumatisante risque de faire plus de dégâts en Haïti que la pandémie elle-même. Plus que le coronavirus, une mauvaise communication choquante terrorise la population. En situation de menace épidémique, nous devons non pas traumatiser le peuple, mais de préférence le rassurer.
Nous avons tellement insisté sur une probable catastrophe en Haïti que nous donnons, à notre insu, l’impression que nous souhaitons voir vivement le pays dans une situation catastrophique. Nous observons le pays trop dans les lunettes de l’occident prédisant un carnage dans la caraïbe, mais surtout, en Afrique qui pourtant est jusqu’à présent le continent le moins violemment frappé avec un bilan de plus de 16 000 cas d’infection et 874 décès, au 15 avril en cours.
Une boucherie n’est du tout pas inévitable. Nous devons faire de notre mieux pour l’éviter. Une situation d’abattoir n’est pas une fatalité en Haïti. Nous devons observer scrupuleusement les mesures prophylactiques, sensibiliser, éduquer davantage la population à la lumière des indications des scientifiques.
Notre observation des différents niveaux de dégâts causés par la maladie dans les pays les plus et les moins affectés nous permet d’affirmer qu’il existe un rapport de proportionnalité entre le nombre de cas d’infection et de décès.
Les États-Unis, la France, l’Italie, l’Espagne ont vécu plusieurs journées d’hécatombe où des centaines et parfois plus d’un millier de malades sont décédés de la pathologie avec un nombre de contamination dépassant les 100 000 cas. Pour connaitre un bilan journalier de 1000 à 1500 décès, dans une période donnée, il vous faut au moins 100 000 cas d’infection. Tant que cette barre n’est pas encore franchie, Haïti ne vivra pas une situation d’hécatombe. Les États-Unis par exemple ont enregistré plus de 2000 cas de décès à plusieurs reprises ces dernières semaines avec plus de 500 000 cas d’hospitalisation.
Au lieu d’insister sur notre faiblesse, notre pauvreté, nos déficits, nous devons mettre l’emphase de préférence sur notre détermination pour prévenir une désillusion. Nous n’allons pas du jour au lendemain passer du stade de pays pauvre à un pays riche, de pays dépourvu d’infrastructure sanitaire à un pays solidement équipé sur le plan médical.
Nous sommes chanceux que nous n’étions pas les premiers à faire face à cette inconnue pandémie. Si c’était le cas, il se peut qu’il ne reste pas plus qu’un tiers de nous. Les nantis, qui allaient se réfugier à l’étranger, et les haïtiens disposant d’un système immunitaire suffisamment fort pouvant développer des anticorps pour détruire le virus.
Nous avons de la chance que la maladie ait été diagnostiquée chez nous quatre mois après avoir été déclarée pour la première fois en Chine et traversée plus d’une centaine d’autres pays.
Le coronavirus est à l’étude depuis le début du mois de décembre 2019 sur le territoire chinois, son point de départ. Les études révèlent que les personnes en situation de comorbidité sont les plus exposées à la mort. Au mercredi 15 avril en cours, le MSPP ne change pas encore le chiffre de trois (3) décès lié au Covid-19 enregistrés dans le pays. Comme points communs, tous les trois cas de décès concernaient des patients qui souffraient de l’hypertension artérielle et du diabète, selon le rapport rendu public par les autorités. À ces deux maladies chroniques s’ajoutent des problèmes rénaux et pulmonaires chez la tierce personne. Pour éviter une explosion de cas de décès sur le territoire national pourquoi ne pas sensibiliser davantage les hypertendus, les diabétiques, tous les malades souffrant des maladies chroniques.
Mozard Lombard,
Éditorialiste de la Radio Télé Scoop,
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