Scoop édito : Quand le PM Jouthe humilie le ministre des finances, Michel Patrick Boisvert, dans un excès de langage
Le premier Ministre, Joseph Jouthe, a tenu des propos incongrus et humiliants contre le titulaire du Ministère de l’économie et des finances. Lors d’une rencontre réalisée, samedi, avec des employés de plusieurs institutions publiques, à Hinche, dans le Plateau Central, le chef du gouvernement haïtien a déclaré avoir shooté le cul de Michel Patrick Boisvert.
La barbarie s’empare de la cité. Nous avons rebroussé chemin. Depuis le néolithique, les chefs tribaux se traitaient respectueusement. L’insolite patron de la primature haïtienne avoue avoir botté les fesses du Ministre de l’économie et des finances de son gouvernement pour lui avoir présenté un budget défectueux. Même au niveau de la rhétorique ce langage est irrespectueux.
« Je lui ai envoyé corriger son devoir », se bombe le torse Joseph Jouthe, comme pour exprimer sa supériorité sur un petit chef.
Lors de cette rencontre administrative à la ville de Hinche, le premier Ministre haïtien a signifié au nez des employés de l’État que le pays dont il est l’un des garants de son bon fonctionnement n’existe ni sur le papier ni dans le réel. Se servant de cette affirmation hyperbolique, Monsieur Jouthe voulait-il critiquer l’état déplorable du pays ?
Concrètement, le pays existe. Mais, il existe dans une situation, à présent, de grande pauvreté et d’insécurité insupportable qui ronge la population dans ce contexte de coronavirus, une crise sanitaire mondiale très mal gérée par les responsables et qui tend à s’aggraver en Haïti.
Avant la pandémie, Haïti était en difficulté. Avec la maladie, elle l’est encore plus. Il n’existe pas un pays au monde qui, au cours de son histoire, n’a jamais connu de moment difficile. D’ailleurs, c’est dans les difficultés qu’on reconnait les grands visionnaires, les grands dirigeants. Le premier Ministre Jouthe a été appelé pour redresser la situation critique du pays. Le PM n’agit pas sur le néant. Il agit sur du concret, sur une réalité. La réalité haïtienne. Il existe une réalité et une société haïtienne, un peuple et un vécu haïtien dans un pays qui s’appelle Haïti.
Joseph Jouthe, lors de cette causerie avec des fonctionnaires de l’État haïtien, a insinué qu’il est contraint par des potentiels candidats à des questions électorales. Il voit très mal la position électoraliste exprimée par des acteurs. Selon lui, le premier objectif d’un protagoniste n’aurait pas dû devenir candidat dans ce contexte particulier afférent au Covid-19.
Nous devons souligner autour de cette question qu’en dépit de l’ampleur que prend cette crise sanitaire aux États-Unis, par exemple, les américains n’ont jamais mis de côté la question des élections. Pendant que nous nous accentuons sur le coronavirus, en Haïti, nous ne devons pas tout jeter dans le panier de l’oubli. De toutes les manières, il y aura un post Covid-19 dans le pays. On ne doit ne pas penser au renouvellement du personnel politique. Pour le moment le parlement est quasi inexistant. La démocratie ne se fonctionne pas avec des vides institutionnels. Elle se solidifie dans l’existence, la protection et la bonne marche des institutions.
Mozard Lombard,
Éditorialiste de la Radio Télé Scoop,
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