Scoop édito / Le racisme aux États-Unis : le rêve de justice raciale de Martin Luther King demeure une chimère, 52 ans après son assassinat
Scoop édito / Le racisme aux États-Unis : le rêve de justice raciale de Martin Luther King demeure une chimère, 52 ans après son assassinat
Depuis le meurtre par asphyxie de l’afro-américain, Georges Floyd, perpétré dans la ville de Minnesota par le policier Derek Chauvin, flanqué de trois autres flics du Minneapolis, un vent de révolte contre le racisme souffle dans plusieurs pays du monde, notamment aux États-Unis.
La violence des policiers blancs sur les noirs aux États-Unis ne date pas d’aujourd’hui. Le problème de ségrégation raciale États-Unienne remonte à la période coloniale. Quand les américains ont proclamé leur Indépendance de la Grande Bretagne le 4 juillet 1776, ils continuèrent de maintenir les noirs dans l’esclavage. Jusqu’en 1862, la situation d’esclave des afro-américains n’était pas changée.
Après 244 ans d’Indépendance, les américains n’arrivent pas encore à éradiquer le racisme dans leur relation inter-ethnique. Malgré la déclaration d’Abraham Lincoln en 1863 pour l’émancipation des noirs, les policiers blancs du pays de l’ex président noir américain, Barack Obama, ne se sont pas encore ressaisis de leur illusion de la séparation raciale.
La situation de violence qui règne ces dernières semaines aux États-Unis nous a portés à revoir le discours historique du pasteur américain, Martin Luther King Jr, né à Atlanta (Géorgie) le 15 janvier 1929 et mort assassiné le 4 avril 1968 à Memphis (Tennessee). Prononcé sur les marches du Lincoln Mémorial à Washington le 28 août 1963, ce discours en faveur des droits civiques dénonce la ségrégation raciale des américains de couleur blanche, le problème contre lequel se soulèvent aujourd’hui des millions de personnes à travers le monde, particulièrement aux États-Unis.
Dans cette grande allocution, intitulé « J’ai un rêve » où Martin Luther King Jr avait exprimé l’idéal de société pour laquelle il s’est battu, le militant non violent afro-américain a fait un plaidoyer pour la justice raciale, la liberté, la fraternité.
Dans ce discours prononcé cinq fois vingt ans après la signature de la déclaration de l’émancipation des noirs aux États-Unis, le prix Nobel de la paix en 1964 ne cachait pas son ras-le-bol contre le racisme en Amérique.
« Il est temps de sortir de la vallée obscure et désertée de la ségrégation et d’emprunter la voie éclairée par les rayons du soleil de la justice raciale. Il est temps pour notre nation d’échapper aux sables mouvants de l’injustice raciale et de s’agripper au solide rocher de la fraternité », a indiqué Martin Luther King Jr devant un parterre de révolutionnaires à Washington.
Martin Luther King Jr n’était pas naïf. Il savait que la bataille n’était pas terminée en 1963 quand il prononçait ce discours. Il a ainsi annoncé les événements qui arriveront aux États-Unis si les blancs continuent de marcher sur les droits civiques des américains noirs.
« L’année 1963 n’est pas une fin mais un commencement. Celles et ceux qui espèrent que les noirs se contenteront d’exprimer leur colère auront un dur réveil si la nation revient, comme si de rien n’était, à ses affaires. L’Amérique ne connaitra ni le repos ni la tranquillité tant que les noirs ne jouiront pas de leurs droits civiques. Les tumultes de la révolte continueront à ébranler les fondations de notre nation jusqu’au jour où la lumière de la justice brillera enfin », a intelligemment alerté le docteur en théologie.
Je tiens, ajoute le fervent militant pour la paix et contre la pauvreté, à dire quelque chose à mon peuple prêt à franchir le seuil du palais de la justice. En voulant accéder à la place qui nous revient, nous ne devons pas nous rendre coupable d’actes frauduleux. N’étanchons pas notre soif de liberté en buvant à la coupe de l’amertume et de la haine, mais menons notre combat avec dignité et discipline. Ne laissons pas notre revendication créative dégénérer en violence physique. Encore et encore, élevons-nous vers les hauteurs majestueuses en veillant à ce que la force de l’âme l’emporte sur la force physique.
Il faut avoir un sens élevé de la justice pour ne pas combattre l’injustice par l’injustice. En combattant le racisme des blancs, Martin Luther King Jr n’a jamais exprimé de la haine contre les oppresseurs des afro-américains. Dans cette brillante allocution soutenue par John Fitzgerald Kennedy, il a fait l’apologie des blancs de l’esprit. Il ne s’est pas battu contre les blancs, mais contre le racisme de certains d’entre eux.
« Ce nouveau militantisme merveilleux dans lequel s’engouffre la communauté noire ne doit pas nous conduire à la méfiance envers le peuple blanc, car nombre de nos frères blancs- comme le prouve leur présence aujourd’hui- ont compris que leur destinée est intimement liée à la nôtre. Ils doivent maintenant comprendre que leur liberté est inextricablement liée à la nôtre », a énoncé le lauréat du prix des droits de l’homme des Nations Unies en 1978, dix ans après son assassinat, et la médaille d’or du congrès en 2004, considéré comme l’un des plus grands orateurs américains de l’histoire.
La communauté des noirs américains sont en proie, et ce depuis fort longtemps, à la brutalité policière. Le meurtre de Georges Floyd dévoile toute la violence qu’elle subit, mais de manière cachée, pour des motifs épidermiques. Si la scène de l’homicide de l’acteur américain n’était diffusée sur les médias sociaux, ce racisme encré dans l’âme des blancs américains n’aurait pas refait surface ces derniers temps.
On dit que l’Amérique est le pays de la liberté. À nos jours, les noirs ont du mal à jouir de cette liberté. On dit que l’Amérique est le pays où tous les rêves se réalisent. À date, le rêve de justice raciale de Martin Luther King Jr demeure une chimère aux États-Unis.
Mozard Lombard,
Éditorialiste de la radio Télé Scoop,
Tél : (509) 3147-1145,
Email : lmozardo10@gmail.com