Haïti débat : Nous avons besoin de lumière, d’une révolution tranquille pour sortir le pays de ce tourbillon, nous recommande Yves Lafortune
L’éducation en Haïti demeure bancale. Nous avons trente ans de vide, de perte totale. Aujourd’hui, les haïtiens s’empressent à partir à l’étranger. Le pays est gangstérisé. La population a perdu confiance dans les leaders. Nous avons besoins de 125 gourdes pour un dollar américain. La crise socio-politique et économique haïtienne interpelle le professeur Yves Lafortune.
Le professeur Yves Lafortune exprime un ras-le-bol de la situation de dépérissement du pays. En prélude au rassemblement prévu pour ce vendredi 21 août 2020 dans les jardin de la Radio Télé Kiskeya où il s’engage au côté de plusieurs associations de la société civile à signer, dit-il, un accord historique pour dire non au système qui est de mise responsable des malheurs d’Haïti, le spécialiste en politique publique tire la sonnette d’alarme.
« Nous devons dire non. On en a assez. Nous avons trente ans de vide, trente ans de perte totale », s’indigne l’enseignant chercheur, à l’émission Haïti débat du jeudi 21 août 2020.
Dans le malheur d’Haïti, le normalien n’incrimine pas seulement les politiques. Il dénonce aussi toute la société civile. Au cours de ces trente dernières années, regrette Yves Lafortune, nous n’avons jamais fait le choix qu’il faut. Nous avons élu au timon des affaires de l’État quelqu’un qui sort de l’église. Nous avons élu à la magistrature suprême une personnalité issue d’une boulangerie. Qui pis est, nous avons mis à la tête du pays quelqu’un qui provient du sommet d’un char de carnaval. Nous avons fait devenir président de la République une personne provenant d’une auto-part.
Au final, poursuit Monsieur Lafortune, nous avons fait le choix de la mort. Nos politiques, indique-t-il, sont entrés par effraction dans la politique. Nous n’avons jamais défini une politique publique claire sur l’économie, les finances, la santé, l’éducation, la justice… L’administration publique devient bancale. Quelqu’un peut devenir directeur général sans avoir jamais fait l’expérience de travail. On ne peut donner ce que l’on n’a pas. Nous devons sortir de ce tourbillon.
Yves Lafortune croit qu’il y a lieu de faire un état des lieux en Haïti. Pour en arriver là, il pense qu’il nous faut une enquête anthropologique. Il nous faut une véritable politique publique.
Le spécialiste en politique publique croit que nous avons besoin, pour l’essentiel, d’une révolution tranquille. Nous avons besoin de lumière. Les personnalités, explique-t-il, que nous avons mises au pinacle de l’État haïtien ces trente dernières années n’ont pas de lumière.
D’après Professeur Lafortune la question de la réforme constitutionnelle qui fait la une des actualités, ces jours-ci, dans les médias haïtiens, n’est pas une exigence de l’heure. « Dans ce pays famélique, on peut pas refaire la constitution. Pour refaire une constitution, il vous faut un minimum de sérénité », a-t-il fait savoir, avant d’enchainer que l’empereur Jean Jacques Dessalines nous a laissé un pays avec de la flore, de la faune et de la nourriture. Aujourd’hui, on ne peut même pas se nourrir.
Mozard Lombard,
Éditorialiste chez la Radio Télé Scoop,
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