Scoop édito : Le nouveau CEP nommé par arrêté présidentiel sous pression américaine peut-il nous conduire à des élections libres et justes?
Les États-Unis contraignent Haïti à faire son travail. Dans un tweet rendu public à 8h39 PM, le mercredi 16 septembre écoulé, l’Ambassade américaine à Tabare a exigé la formation d’un nouveau CEP dans le pays avec des membres, dit-elle, ayant une réputation d’intégrité, d’honnêteté et de compétence pour organiser un processus électoral et libre et juste.
Le tweet des représentants américains dans ce contexte particulier de trouble sociopolitique aggravé, marqué par le climat de l’insécurité généralisée qui terrorise la population et la l’incapacité des acteurs de l’opposition et du pouvoir à trouver un consensus pour sortir le pays de l’impasse, nous intrigue.
Pour les américains, les haïtiens ne font pas leur travail. Ainsi, ils nous sensibilisent à notre devoir, à mettre sur pieds un Conseil Électoral Provisoire.
Dans son message, l’Ambassade américaine intime l’ordre aux dirigeants haïtiens de monter le CEP en vue d’organiser les élections. Elle précise le profil des membres qui doivent composer le conseil. Ces derniers doivent avoir une réputation d’intégrité, d’honnêteté, et de compétence.
Les américains mettent en question la qualité des membres qui constituent en général nos CEP. Implicitement, ils déclarent que les conseillers que nous avions habituellement en Haïti ne sont pas intègres, honnêtes ni compétents.
Les diplomates américains s’engagent à la formation du CEP tels qu’ils prévoient des sanctions pour tous ceux, disent-ils, qui y font obstacle.
Deux jours après le tweet de l’Ambassade, le président de la République, Jovenel Moise, a publié, le vendredi 18 septembre passé, dans les colonnes du Journal le Moniteur, un arrêté nommant les membres, avec leur mandat spécifique, d’un nouveau conseil.
Le CEP nommé par le présent arrêté a pour mandat : d’organiser le référendum constitutionnel afin de doter le pays d’une nouvelle Constitution, d’organiser les élections locales, municipales, législatives et présidentielles et d’organiser les élections pour tous autres postes vacants ou qui pourraient le devenir en attendant le rétablissement du Conseil Électoral Permanent.
Le président a été contraint de former le conseil. Il est dans l’obligation de d’organiser les élections. Dans ce climat de l’insécurité qui règne dans le pays avec l’extension du phénomène de gangstérisassions, la domination du G9 et des policiers du groupe Fantôme 509 sur le territoire national qui n’ont eu de cesse de surprendre la population, particulièrement à Port-au-Prince, les joutes électorales sont-elles possibles en Haïti ?
Dans cette ambiance délétère, le PDG de la Radio Télé Scoop, Garry Pierre Paul Charles, croit qu’il ne peut y avoir d’élections dans le pays sans un minimum d’accord, indispensable à la stabilité, entre les acteurs. Sinon, le pouvoir risque d’organiser des scrutins électoraux dans le sang.
Mozard Lombard,
Éditorialiste chez radio Télé Scoop,
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