Scoop édito : Le Core Group à la loupe du pouvoir
Depuis le dysfonctionnement du parlement haïtien, le pouvoir dirige par décret. Celui-ci devient le nouveau cheval de bataille de la présidence profitant d’un vide institutionnel.
Considérée comme alliée du régime en place, la communauté internationale, qui n’a pas d’amis ni de partisans mais qui en réalité ne fait que défendre ses propres intérêts et ses valeurs en Haïti, le plus souvent liés à la démocratie, est en désaccord avec deux (2) décrets pris par le pouvoir.
Dans un communiqué rendu public le samedi 12 décembre dernier, le Core Group (composé des Ambassadeurs d’Allemagne, du Brésil, du Canada, d’Espagne, des États-Unis d’Amérique, de la France, de l’Union Européenne, du Représentant spécial de l’Organisation des États Américains et de la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies) dit exprimer son inquiétude suite à la publication le 26 novembre 2020 du Décret portant Création, Organisation et Fonctionnement de l’Agence Nationale d’Intelligence (ANI) et du Décret pour le renforcement de la sécurité publique.
Les représentants des pays étrangers en Haïti, dans le premier décret, s’inquiètent de l’extension de la qualification d’acte terroriste à certains faits qui, dénoncent-ils, n’en relèvent nullement et prévoit des peines particulièrement lourdes allant de 30 à 50 ans. Dans le second, ils sont préoccupés par la quasi-immunité juridique des agents de l’ANI, ouvrant, expliquent-ils, la possibilité à commettre des abus, soulignant que ces deux décrets qui relèvent de la compétence d’un parlement ne sont pas conformes à certains principes fondamentaux de la démocratie, de l’État de droit, des droits civiques et politiques des citoyens.
En réaction à ces déclarations, le premier Ministre haïtien, Joseph Jouthe, dans un message twitté, exprime sa conviction dans le soutien continu du Core Group envers le gouvernement. Il dénonce des agissements de la part de ces protagonistes étrangers.
« Je reste persuadé que le Core Group continuera à nous aider à réfléchir sur la manière de mettre fin aux exactions des groupes armés qui sèment l’insécurité, la terreur et le deuil dans les familles », a signifié le chef du gouvernement, avant d’enchainer que ces agissements et comportements empêchent les autorités haïtiennes de travailler pour une meilleure performance en matière de droits humains, et permettre à Haïti de jouer pleinement son rôle dans le concert des nations.
Dans la même veine, le secrétaire général du Conseil des Ministres, Rénald Lubérice, dénonce des leçons des acteurs multilatéraux envers le pouvoir. « Nous avons assez vu, assez vécu. De nos « amis » nous pouvons recevoir des conseils. Mais point de leçon à recevoir. Toutes les leçons du passé ont été néfastes. Si vous en doutez encore, admirez-en les actuels résultats », a-t-il écrit dans un tweet.
Si le pouvoir existe encore, il faut le reconnaitre, la communauté internationale, particulièrement les États-Unis, en est pour beaucoup. Sans sa position pour le respect de la démocratie dont bénéficie Jovenel Moise qui obéit scrupuleusement, sans lever la tête, à ses instructions, le régime aurait été déjà caduc. Le Core Group est parfait quand il s’exprime dans le sens des intérêts de la présidence. Il donne des leçons quand il dénonce des mesures outrepassées.
Mozard Lombard,
Éditorialiste chez Radio Télé Scoop,
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