Scoop édito : De la destruction du pays à la psychopathie des masses, la politique a anéanti la société haïtienne
La politique a réduit le pays en lambeaux. La mauvaise gouvernance l’a conduit dans un précipice. La succession de dirigeants irresponsables et incompétents l’a enfoncé dans un gouffre.
Définie comme l’art de gouverner une nation, la politique a monstrueusement métamorphosé les masses en Haïti. Nos politiques ont raté leur vocation. Ils ont failli à leur mission, celle de gérer et administrer la société. Notre société n’est pas administrée au point que chacun est presque devenu un loup pour l’autre.
Si la politique et l’administration se séparent suivant les actions de nos dirigeants, dans la perspective d’Émile de Giradin, elles se cohabitent. « Je ne sépare pas la politique de l’administration. Administrer, c’est gouverner ; gouverner, c’est administrer. Il n’y a jamais eu, il ne saurait y avoir de grande politique sans bonne administration. La politique est à l’administration ce que l’âme est au corps ; et, de même que notre religion n’admet pas de corps sans âme, la vie n’admet pas d’âme sans corps », disait le journaliste et homme politique français du 19e siècle.
Souvent les responsables haïtiens confondent leurs attributions. Ils injurient au lieu de gouverner. Ils qualifient au lieu de transformer. Le dirigeant est le représentant légal d’une société. Il est appelé à prendre les décisions de gestion au quotidien au nom et pour le compte de la société qu’il représente. Il ne relève pas de sa mission de qualifier de psychopathe une masse délaissée, gangstérisée par la politique d’exclusion et d’inégalité sociales qu’il a la charge de redresser.
Attribuer une qualification aux habitants du Village de Dieu ou diagnostiquer les causes de leur comportement violent pour y apporter des solutions durables, Joseph Jouthe doit choisir. Entre la fonction de psychologue et le poste de premier Ministre, Monsieur Jouthe doit faire un choix.
Il ne s’agit pas d’injurier les gens de psychopathes. Il faut apporter des solutions, certes conjoncturelles, mais surtout structurelles, à travers des politiques publiques concrètes et des programmes de réinsertion sociale pouvant rééquilibrer les déviants.
C’est le déséquilibre social qui déséquilibre les citoyens. L’inégalité est trop accrue dans notre société. Le phénomène du banditisme est très répandu dans notre milieu. Il faut agir au plus vite pour ne pas tomber dans une situation de non redressement. Nous avons une génération de potentiels psychopathes. Nous avons une génération de bandits en herbe : nos enfants oubliés dans les rues.
Mozard Lombard,
Éditorialiste chez Radio Télé Scoop,
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