Haïti débat : Notre priorité ne doit pas être la question de la transition, mais bien la solution de sortie de crise, déclare Auguste D Méza
Nous avons détruit les institutions du pays. Nous avons dénaturé le parlement. Il y a une politique de démounisation en Haïti. Nous avons fabriqué les bandits. Dans une interview d’analyse accordée à la Radio Télé Scoop, le sociologue Auguste D Méza a dressé un tableau sombre du pays.
Professeur D Méza n’avale pas sa langue. Participant à l’émission Haïti débat de ce mercredi 6 janvier 2020, il a traduit, sans langue de bois, la réalité du pays et appelle les protagonistes à la raison pour sortir le pays de la crise.
Depuis 1986, de manière systématique, déclare Dr D Méza, nous détruisons les institutions du pays. Nous avons cocoratisé le parlement. Nous avons un exécutif délinquant qui s’associe avec un parlement délinquant pour profiter du trésor public de la nation.
Dénonçant l’exécutif et le parlement haïtien, Monsieur D Méza croit qu’il n’y aurait ni de nouvelle constitution ni d’élections tant qu’une solution à l’haïtienne ne soit trouvée par rapport à la crise endémique qui gangrène le pays.
Ainsi, le sociologue appelle les acteurs au dialogue pour sortir le pays du marasme. « Même en tant de guerre, les principaux belligérants s’assoient dans l’intérêt de la nation », leur ont-ils fait savoir.
Dans la foulée, l’homme vêtu de chemise blanche, à la barbe et aux cheveux blancs, couleur de la pureté et de la propreté, pense que si l’opposition politique haïtienne avait accepté l’appel au dialogue du président en 2018, il n’y aurait pas eu cette situation de misère atroce en Haïti.
« Le peuple vit dans des conditions ignobles, inhumaines. Nous sommes en train de perdre notre humanité », crie l’enseignant/chercheur, avant d’ajouter qu’on ne peut pas promouvoir une société de liberté sans promouvoir une société d’équité.
Durant la période coloniale, indique Auguste D Méza, il y avait des créoles et des bossales à St Domingue. Aujourd’hui, nous avons en Haïti des gens détenteurs ou privés de visa. Avec un visa on est un citoyen. Sans visa, on est un Congo. Nous sommes une agglomération d’’individus. Il y a une politique de démounisation en Haïti. Il n’y a pas d’intellectuels dans ce pays. Il y a des sachant lire. Un intellectuel, dit-il, est un producteur de savoir. Il n’y a pas d’inégalité sociale en Haïti. Il y des fossés sociaux.
Au regard de la situation de misère du peuple, professeur D Méza croit que ce qui doit nous préoccuper aujourd’hui, ce n’est pas la question de la transition. Il suggère de préférence de mettre l’accent sur la solution de sortie de crise pour extraire la population de sa situation de grande précarité.
« Depuis 2004, nous entrons dans un cycle de transition. Cela ne nous emmène nulle part, sinon détruire davantage le pays », avance-t-il, déclarant au président de la République, Jovenel Moise, que notre priorité ne peut pas être d’abord et avant tout la question de l’électricité, sachant que la population crève de faim.
Mozard Lombard,
Éditorialiste chez Radio Télé Scoop,
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