Scoop édito : Lequel, entre le pouvoir et l’opposition, a-t-il de l’intérêt dans cette insécurité qui bouleverse Haïti ?
Le kidnapping va en mode boomerang. Tantôt il prend de l’ascendance, tantôt il est revu à la baisse. Ces derniers jours, l’asymptote monte de manière verticale. Après avoir plongé sous l’eau, le phénomène a refait surface, non moins préoccupant.
En deux jours, le weekend écoulé, pas moins de sept (7) cas de kidnapping ont été signalés sur le territoire national à l’attention de l’opinion publique. Une jeune fille a été kidnappée, à Diquini 63, dans la soirée du samedi 16 janvier 2021, par des hommes armés méconnus. Les ravisseurs exigent 800 000 dollars américains contre sa libération.
Ce matin du mardi 19 janvier en cours, la route du Canapé Vert a été bloquée. Des riverains ont organisé un mouvement de protestation pour réclamer la libération d’une autre jeune fille du nom de Joana Dorcéus enlevée dans la région de Thomassin, il y a quelques jours.
Les opérations policières contre les bandits n’ont pas eu pour effet de plier le kidnapping bien qu’elles jettent plusieurs de nos fauteurs de trouble dans le marronnage. Le climat d’insécurité n’a eu de cesse de poursuivre son cours. Ce mardi un jeune a été tué par balle dans la ville des Cayes le chef-lieu du département du Sud.
Alors que la situation sécuritaire du pays ne cesse de se dégrader, des bandes armées sont attribuées tant au pouvoir qu’à l’opposition. Le fait d’attribuer des gangs à l’équipe dirigeante et à ses frondeurs, cela confirme que la classe politique haïtienne est réellement gangstérisée. Autant dire, nos politiques sont des gangsters en costume. Ils ne sont pas des gangsters de rues. Ils n’exécutent pas. Mais, ils font exécuter. Ils utilisent les gangsters de rues à leurs propres intérêts politiques.
Si effectivement le pouvoir et l’opposition ont chacun ses propres gangs, comment doit-on interpréter cette situation d’insécurité qui devient chronique chez nous ?
L’opposition, s’engageant dans une lutte acharnée pour instaurer une transition de rupture, dit-elle, à la tête de l’État haïtien à partir du 7 février prochain, a-t-elle de l’intérêt dans l’alimentation de cette atmosphère d’insécurité qui terrorise Haïti?
Le pouvoir, de son côté, qui veut demeurer au palais national jusqu’au 7 février 2022, réaliser un référendum le 25 avril prochain pour concrétiser le projet d’élaboration de la nouvelle constitution et organiser des élections générales au dernier trimestre de cette année 2021, a-t-il aussi de l’intérêt dans cette insécurité ? À quel groupe profite l’insécurité ?
Mozard Lombard,
Éditorialiste chez Radio Télé Scoop,
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