Scoop édito : Qui a intérêt à se débarrasser de Jovenel Moise ?
Depuis les événements du 6 et 7 juillet 2018, soit un an et plus après l’investiture de son pouvoir, Jovenel Moise a monté sur le récif. Je n’ai jamais vu un président contemporain haïtien autant traqué. Il n’était pas parfait. Il était loin d’être parfait. Il a certes commis des erreurs. Mais, le sort qui lui a été infligé est une honte et demeure une honte pour la nation.
Jovenel Moise est parti penaud. Il faisait l’objet d’une grande haine. Il n’avait pas que des frondeurs. Il avait aussi des adversaires, des ennemis. Son exécution ignoble donne l’impression qu’il a commis le plus grand péché du monde. Son assassinat crapuleux nous laisse croire qu’il était un élément plus que gênant. Agissait-il contre le sens des intérêts de certains au point d’envisager de s’en débarrasser ?
L’ex président haïtien Jean Bertrand Aristide durant ses deux mandats (1991-1996), (2000-2005), où à chaque fois, il était contraint de partir en exil, n’était pas autant gêné. René Garcia Préval qui a eu aussi deux mandats, mais au contraire, achevés avait également des antagonistes. Mais, il n’était pas autant tourmenté, tollonné, harcelé, gêné, injurié, traqué.
Jovenel Moise aurait pu éviter les événements du 6 et 7 juillet 2018 qui l’a conduit tout droit à l’enfer. Il pouvait ne pas revoir à la hausse les prix des produits pétroliers qui l’avaient mis sur le chemin du calvaire. Tout le monde commet des erreurs. Mais, il semble que celles du natif du Nord-Ouest étaient plus que cela. Les soubresauts qu’allaient connaitre le pays après les événements du 6 et 7 juillet 2018, nous dégagent un relent de prétexte, nous laisse croire que c’était une cause occasionnelle. Le jeu ne valait pas la chandelle.
Jusqu’à son exécution en sa résidence privée dans la nuit du mardi 6 au mercredi 7 juillet 2021 en cours, Jovenel Moise n’a jamais été à son aise. Il est parti avec son projet d’électrification du pays. Il avait de la volonté. Il avait une volonté réelle. Mais, il a buté sur un antagonisme malhonnête. Du 2e semestre 2018 au 19 mars 2019, date qui coïncide avec le premier cas déclaré de Covid-19 en Haïti, Jovenel Moise a été durement bousculé.
De juillet 2018 à Février 2019, le pouvoir de Monsieur Moise allait faire face à toute une série de manifestations protestataires. Les dates historiques allaient être servies comme moments stratégiques pour déstabiliser son administration. Après sept (7) mois de manifestations violentes sporadiques exigeant son départ du pouvoir, le pays allait entrer dans un cycle de blocage infernal.
Du 7 février 2019 au 19 mars 2020, l’opposition politique haïtienne ont bloqué le pays, avec le phénomène de pays lock. L’année académique 2018-2019 pour Haïti était une année complètement perdue. Le dollar américain n’a eu de cesse de grimper. Le taux d’inflation, qui ne cesse de monter, ne cessait d’escalader. La population vivait et vit encore sous le seuil de la pauvreté. Le pays a connu un long moment d’ébullition. Haïti évoluait au rythme de manifestations. Le déplacement du président était nettement limité au point qu’il était incapable de commémorer les dates mémorables de l’histoire du pays.
L’opposition politique haïtienne n’a jamais cessé de réclamer la démission du chef d’État martyr haïtien. Elle exigeait et exige encore une transition de rupture. Elle revendiquait le changement du système. Au même titre que l’opposition et des membres de la société civile, Jovenel Moise, accusé de corruption et indexé dans le dossier Petro Caribe, plaidait aussi pour le changement du système. Il n’a eu de cesse de pointer du doigt une oligarchie bourgeoise qui détient le monopole de la richesse du pays et qui maintient le peuple dans cette misère abjecte.
Le président mouchardait les oligarques du pays qui s’enrichissent de l’État haïtien au détriment du peuple haïtien. Il a résilié les contrats liés avec l’État de certains d’entre eux.
En quatre ans, il faut souligner que Jovenel Moise a passé cinq (5) premiers Ministres, Jacques Guy Lafontant, Jean Henry Céant, Jean Michel Lapin, Joseph Jouthe et Claude Joseph, signe qui témoigne de l’instabilité gouvernementale de son pouvoir. On lui reprochait de détruire les institutions régaliennes du pays, de ne pas réaliser les élections à temps. On le sermonne du dysfonctionnement du parlement réduit aujourd’hui à dix (10) sénateurs. Le président ne faisait pas l’unanimité dans son propre camp. On lui critiquait de son manque de générosité contrairement à son mentor/prédécesseur, Michel Joseph Martelly.
Finalement, la génération contemporaine haïtienne a tout vu en Haïti. Depuis après la chute des Duvalier en 1986, le pays va d’événement en événement avec une instabilité politique chronique. L’exécution du 58e président haïtien, le 5e au pouvoir, Jovenel Moise, traduit le comble ! C’est une honte pour le pays, pour la classe politique incapable de trouver un terrain d’entente pour sauver la nation ! Une honte pour la classe bourgeoise mercantile haïtienne ! Qu’allons-nous vivre d’autre, sinon que le changement, une nouvelle Haïti, que nous n’avons pas encore vivre ? Nous sommes fatigués des événements fâcheux.
Mozard Lombard,
Éditorialiste chez Radio Télé Scoop,
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