Haïti/Elections : Message de M. Edmond Mulet, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies et Chef de la MINUSTAH.
Le vote : Arme secrète du peuple
A l’occasion du lancement de la campagne électorale, je tiens, au nom des Nations Unies, à renouveler notre engagement à apporter l’appui sécuritaire et logistique nécessaires à la réussite des élections du 28 novembre. Je saisis cette opportunité pour lancer un appel respectueux au peuple haïtien, aux candidats, au Conseil Électoral Provisoire, au gouvernement et aux media pour que la campagne se déroule dans une ambiance sereine et pour que ces élections soient libres, justes et transparentes et répondent aux sérieux défis auxquels est confrontée la nation haïtienne.
Seul un gouvernement porteur du consensus national, doté d’une vision basée sur le bien commun et déterminé à s’attaquer aux causes véritables des problèmes actuels, peut faire face à ces défis : le défi urgent de relocaliser les centaines de milliers de familles qui vivent toujours dans les camps de déplacés, et le défi, à plus long terme, de jeter les bases de la refondation d’un État de droit, où la sécurité et l’emploi sont assurés pour tous, où la justice est accessible à tous et où la citoyenneté devient réalité. Un tel gouvernement ne peut tirer sa légitimité que du peuple haïtien. Cette légitimité passe par les urnes.
Les élections du 28 novembre offrent l’opportunité unique de définir le chemin à suivre durant les cinq prochaines années. En ces temps difficiles, alors que les acquis politiques, économiques et sociaux des dernières années semblent menacés, il importe que les Haïtiens se mobilisent pour élire des femmes et des hommes d’État à la hauteur de la situation.
Le CEP a la responsabilité d’organiser des élections libres de toutes interférences partisanes, et dont les résultats seront crédibles aux yeux de la nation. J’appelle les Conseillers électoraux, ainsi que le Directeur général et les fonctionnaires du CEP à assumer leurs obligations, à faire preuve de transparence et d’ouverture et à intensifier les consultations avec les partis politiques et les candidats sur les aspects techniques du processus électoral. Ils ont aussi le devoir de démontrer à ceux qui doutent de leur capacité ou de leur détermination à organiser de bonnes élections qu’ils ont tort.
L’émission de nouvelles cartes d’identité nationales et l’enregistrement des électeurs est, à cet égard, un enjeu majeur. J’encourage l’Office National d’Identification et le CEP à faire en sorte que tous les électeurs qui le veulent puissent exercer leur droit démocratique le 28 novembre prochain.
L’électeur a le droit de connaître les idées, les priorités et la vision des candidats, qui eux ont le devoir de les faire connaître et d’en débattre. L’électeur a également le droit de savoir qui sont les candidats qui s’apprêtent à prendre un engagement sérieux sur des questions aussi importantes que la reconstruction, l’emploi, la sécurité et la justice.
Ceux qui aspirent aux plus hautes fonctions du pays ont pour devoir de le faire dans le calme, le respect mutuel, la paix sociale, de modérer les débats électoraux et d’empêcher leurs partisans de recourir à la violence. Je tiens également à rappeler la responsabilité qui échoit aux candidats vaincus d’accepter le choix du peuple haïtien avec respect et sérénité.
Une responsabilité particulière incombe aux candidats du parti au pouvoir. Ceux-ci doivent se garder d’abuser de leur accès privilégié aux ressources de l’Etat, qui ne sauraient en aucun cas être utilisées à des fins partisanes. Le peuple a le droit d’exercer son vote en toute liberté. Le gouvernement a l’obligation de garantir que la volonté souveraine des électeurs sera respectée. Le devoir de tous est de mettre l’intérêt de la nation au dessus des intérêts personnels ou partisans.
Des informations crédibles et vérifiées sur les candidats, leur plateforme politique et le financement de leur campagne, la diffusion des débats et le déroulement serein de ces joutes, sans violence verbale et sans diffamation, dépendront en grande partie de l’engagement professionnel de la presse écrite et audiovisuelle. La vigilance des journalistes sur le terrain peut amplifier le rôle des observateurs nationaux et internationaux et constitue un élément clé d’élections crédibles que mérite le peuple haïtien.
Les élections revêtent un caractère spécial – presque sacré – dans l’histoire d’un État démocratique. C’est l’acte par lequel la population s’unit pour se doter de dirigeants qui porteront le consensus national. C’est aussi l’acte ultime qui permet à la nation de demander des comptes à ceux qui ont le privilège de la gouverner. Je souhaite rappeler aux Haïtiens que la qualité de la reconstruction et de la refondation du pays dépendra principalement de la qualité des dirigeants qu’ils choisiront et que le futur d’Haïti dépendra largement d’élections légitimes. Je souhaite aussi leur rappeler qu’une participation massive lors du scrutin demeure la meilleure garantie contre d’éventuelles tentatives de manipulation électorale. Le vote est l’arme secrète du peuple.
Enfin, je souhaite bonne chance à tous les candidats et une bonne campagne électorale à toutes et à tous.