Scoop Édito/Communiqué de presse du Secrétariat général de l’OEA sur Haïti : Ce communiqué fait couler de l’encre dans la presse haïtienne
Dans un communiqué rendu public, lundi, sous le thème « démocratie et sécurité », le Secrétariat général de l’Organisation des États Américains dézingue les forces endogènes d’Haïti et surtout la communauté internationale dans la crise institutionnelle que connait le pays. L’OEA a mis hors service la communauté internationale, dont elle est un membre, un an après l’assassinat crapuleux du Président Jovenel Moise, la passation du pouvoir au Premier ministre Ariel Henry et dans un contexte de crise sécuritaire aigue en Haïti.
La crise institutionnelle que vit Haïti, dit le communiqué, est le résultat direct des actions des forces endogènes du pays et de la communauté internationale.
Les 20 dernières années de présence de la communauté internationale en Haïti, poursuit ce communiqué, constituent l’un des échecs les plus importants et manifestes de mesures mises en œuvre et d’actions réalisées dans le cadre de quelque action de coopération internationale que ce soit.
Sous le parapluie de la communauté internationale, ajoute-t-elle dans la foulée, les bandes criminelles qui assiègent aujourd’hui le pays et son peuple ont fermenté et germé, sous ce parapluie le processus de désinstitutionalisation et de crise politique que nous connaissons aujourd’hui a germé et couvé.
Cette sortie fracassante de l’OEA a fait des remous dans la presse haïtienne. Ce communiqué a défrayé la chronique. Il a fait couler de l’encre.
De l’avis d’un spécialiste à l’émission Haïti débat ce mardi, l’OEA a évoqué la communauté internationale en ces termes pour dénoncer les États-Unis qui cessent de financer l’Organisation régionale au profit de l’Ukraine en guerre contre la Russie.
Pour d’autres, le secrétaire général de l’OEA se lance dans une démarche pour sa réélection. La démarche de Luis Almagro est une démarche électoraliste, analyse l’ex député Abel Descolinnes, au téléphone, à l’émission Haïti débat, après la publication de ce communiqué. Il est toujours reproché, indique-t-il, d’être trop à la solde des États-Unis, d’être une caisse de résonnance des États-Unis. Il a peut-être voulu prouver le contraire. Luis Almagro joue sa survie. Depuis quelque temps, l’organisation est en perte de crédibilité.
Dans ce communiqué, l’OEA ne s’est pas contentée pas seulement de démolir la communauté internationale. L’Organisation propose aussi des pistes de solution à la crise haïtienne. Pour parvenir à la paix dans le pays, écrit le communiqué, il faut franchir une étape indispensable. Il faut que justice soit rendue pour l’assassinat du Président Jovenel Moïse. Si la vérité n’est pas établie, et si justice n’est pas rendue, il sera impossible d’avancer sur la voie de la réconciliation et de l’entente.
Si pour trouver l’entente, il faut que la vérité soit établie autour de cet assassinat, la crise risque de perdurer. Un an après l’intronisation du PM Ariel Henry au pouvoir, l’équipe gouvernementale n’envoie aucun signe exprimant sa volonté de faire la lumière sur ce crime odieux. L’OEA critique ainsi le gouvernement qui s’engage dans un dialogue de sourd avec ses interlocuteurs. Rendre justice à Jovenel Moise en réalité n’intéresse guère ce gouvernement.
Mozard Lombard,
Éditorialiste chez Radio Télé Scoop,
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