Scoop édito/MENFP: Changement brusque et improvisé, du français au créole, de langue d’enseignement scolaire jusqu’au secondaire 4 en Haïti, pour quel résultat ?
Brusquement la langue d’enseignement scolaire va être changée en Haiti. En tout cas, c’est ce qu’a annoncé le MENFP. Le Ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle se lance dans une opération dangereuse à l’improviste. Les responsables prennent une mesure hâtive. Ils agissent sans préparation et n’anticipe pas les conséquences néfastes de cette décision.
Le créole est désormais la langue d’enseignement en Haïti jusqu’au secondaire 4, a-t-on appris, en début de semaine. Avec cette nouvelle mesure, nos responsables risquent de borner davantage nos écoliers. Nos enfants auront un accès très limité et même trop limité au savoir.
L’enseignement ne peut pas brusquement se faire qu’en créole en Haïti. Il n’existe pas suffisamment de savoirs écrits en créole pour assurer un enseignement qu’en créole en Haïti maintenant. Que peuvent trouver nos enfants en créole dans les moteurs de recherche et les bibliothèques ? Laissons-nous guider de préférence par la rationalité.
Tous les pays sérieux enseignent, certes, dans leur langue natale. C’est le cas de la France, des États-Unis…Ils s’assurent de prime abord que dans leur langue il existe des matériels nécessaires pouvant permettre à leurs enfants d’acquérir suffisamment de connaissances.
Le Rwanda se trouve dans le même pétrin. Il n’enseigne pas dans sa langue natale. Il enseigne de préférence en anglais. Il n’enseigne pas dans sa langue natale parce qu’il estime que celle-ci n’est pas suffisamment documentée pour transmettre des savoirs scientifiques à ses écoliers. Pour traduire dans une langue qui ne dispose pas de savoirs scientifiques nécessaires, cela coûte des milliards de dollars.
Pour enseigner en créole, il fallait qu’il existe des documents scientifiques au préalable en créole. Il faut qu’il y ait des recherches en créole. Il faut mettre une structure en place pouvant permettre de traduire les recherches en créole. Pour cela, il faut des milliards de dollars. Présentement, nous n’avons pas de moyens économiques ni politiques pour matérialiser ce projet.
Le Ministère de l’éducation nationale doit travailler sur une politique linguistique pour le pays avant de changer sa langue d’enseignement scolaire. On ne change pas la langue d’enseignement scolaire d’un pays de manière improvisée, avec brusquerie. La langue d’enseignement scolaire peut-être changée en Haïti. Mais, ce changement ne doit pas se faire soudainement. Il faut d’abord et avant tout une base matérielle.
Mozard Lombard,
Éditorialiste chez Radio Télé Scoop,
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