Haïti débat/Petit-Goâve/Mobilisation : Des personnalités appellent les autorités du pouvoir central à l’écoute de la population
Depuis tantôt trois (3) semaines la population de Petit-Goâve est dans la rue pour protester contre la cherté de la vie, le problème récurrent de rareté de carburant, la montée croissante du dollar. Le tout greffé sur la crise sécuritaire qui devient chronique en Haiti. Depuis tantôt ces trois semaines, le tronçon de route déboucant sur le grand Sud passant par Petit Goâve est d’accès difficile.
Joint au téléphone, à l’émission Haiti débat, ce vendredi, le maire intérimaire de la ville, Junior Bonheur, dénonce la situation de la commune. La mairie de Petit Goâve, indique-t-il, n’a pas de local. Le bâtiment qui logeait la Municipalité avait été incendié à deux reprises.
Junior Bonheur a fait remarquer les conséquences du mouvement de blocage de la route principale de Petit Goâve. « Le blocage de Petit Goâve implique le blocage de trois (3) départements », souligne-t-il.
L’ex député Germain Alexandre Fils évoque, de son coté, les raisons, le point de départ de la mobilisation dans la ville. La population, a-t-il fait savoir, a pris la rue contre l’inflation, l’insécurité et le problème de carburant. Le mouvement a été initié par les associations de conducteurs de motocyclette qui voulaient s’approvisionner en carburant. Il revient au gouvernement de répondre aux besoins de la population. La population est en difficulté. Les gens sont privés de tout.
Même son de cloche pour commissaire Kébreau Zamor. La population, explique-t-il, vit dans une situation de grande précarité au même titre que le reste du pays. C’est une ville qui vient de passer six (6) mois sans électricité. Les habitants ont vu la lumière récemment, à l’occasion de la fête patronale du 15 août. La situation est très grave. Les autorités devaient faire quelque chose.
Arrivant à un certains moments, dit Me Zamor, les gens vont être obligés de recourir à la violence. Le pouvoir doit être à l’écoute de la population. Je ne dis pas que le pouvoir a suffisamment de moyens pour résoudre tous les problèmes. Mais, il doit apporter une solution aux problèmes les plus urgents. Les deux natifs de Petit Goâve qui sont au pouvoir, à savoir Le Secrétaire général du palais national, Me Josué Pierre Louis, et le Ministre de l’économie et des finances, Michel Patrick Boisvert, doivent jouer de leur influence pour convaincre l’État central. Si la crise de Petit Goâve n’est pas résolue, la route amenant au grand Sud continuera à être d’accès difficile.
La ville de Petit Goâve, ajoute dans la foulée Commissaire Kébreau Zamor, est une grande ville. Elle ne mérite pas ce traitement. Une si grande ville ne devait pas faire l’objet de négligence. Le pouvoir n’a même pas un représentant dans la commune. C’est très grave.
Le révérend Père Miguel Auguste ne pense pas que c’est seulement la situation de famine, d’inflation et d’insécurité qui a poussé la population vers la rue. Petit Goâve, explique-t-il, a depuis toujours une tradition de ville rebelle. Petit Goâve est un symbole de résistance par rapport aux mauvaises gouvernances du pays. Il est temps de se lever. Comme petit goâvien au nom de Petit Goâve je lance un appel à la population de se lever contre la situation du pays. Mais, n’attaquez pas les banques, les écoles, les églises, les institutions. Il faut se lever pour éjecter cet État. Nous avons besoin du changement de façon méthodique, réelle et concrète.
Abondant dans le même sens, l’ancien député Jacques Stéphen Timoléon exprime son étonnement par rapport à la lenteur de la population devant la gravité de la crise. Cela m’étonne beaucoup, indique-t-il, que Petit Goâve a mis tout ce temps pour se lever. L’État central est absent dans la ville. Au jour d’aujourd’hui, la ville a envoyé un message clair au gouvernement pour lui signifier qu’elle ne le reconnait plus. J’encourage toute mobilisation pacifique pour porter les autorités du pouvoir central à dire ce qu’elles décident de faire de l’avenir du pays.
Mozard Lombard,
Éditorialiste chez Radio Télé Scoop,
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