Haïti : La Communauté internationale responsable de l’affaiblissement de l’Etat haïtien, selon le chef de la Minustah
La présence en Haïti d’une multitude d’ONGs, des institutions bilatérales de financement et des agences des Nations unies a fortement contribué à l’affaiblissement de l’Etat de ce pays de la Caraïbe, reconnait le Représentant du Secrétaire général de l’Onu en Haïti, Edmond Mulet, qui a plaidé pour que « l’Etat haïtien ait les outils nécessaires pour être indépendant de l’assistance internationale. »
Le chef de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), suivant un article du journal québécois La Presse signé de Jocelyn Coulon, directeur du Réseau francophone de recherche sur les opérations de paix, affilié au Centre d’Etudes et de Recherches de l’Université de Montréal a dit tout haut ce qu’il pense de la coopération dont bénéficie Haïti des ONG, des institutions bilatérales de financement et des agences des nations unies.
Se référant à des propos rapportés récemment par Reuters, Jocelyn Coulon rapporte qu’Edmond Mulet a indiqué regretter que les milliards de dollars investis en Haïti depuis longtemps n’aient eu «aucun impact sur l’État de droit ». « Cela doit changer », a- t-il-insisté. Le diplomate onusien a dit reconnaître que la communauté internationale, inquiète des risques de corruption et d’instabilité politique, est responsable d’avoir affaibli le gouvernement haïtien et d’avoir fait du pays une «?république des ONG?» en créant des « structures parallèles dans l’éducation, la santé et toutes sortes de secteurs que les Haïtiens eux-mêmes devraient assumer». Pour le diplomate écrit Jocelyn Coulon, « nous, c’est-à-dire la communauté internationale, devons changer notre manière de travailler en Haïti?» et « œuvrer avec le gouvernement et les institutions en place ?»
Interrogé par Frantz Duval du quotidien Le Nouvelliste sur la mainmise des ONG sur Haïti, le chef de la Minustah a lâché les mêmes propos transcrits en ces termes : « Aussi, je crois qu’il faut conserver un équilibre entre les actions d’urgence et les responsabilités que doivent assumer les institutions nationales. Nous tous, je veux dire les ONG, les agences bilatérales de développement, les Nations Unies, nous avons contribué à affaiblir l’Etat haïtien avec la mise en place d’institutions parallèles, et je crois que c’est le moment de changer ».
Voulant soutenir sa position, l’ambassadeur estime obligatoire « la création des conditions pour que l’Etat haïtien ait les outils nécessaires pour être indépendant de l’assistance internationale. Mais, pour arriver à cet objectif, il faudra travailler ardemment dans les aspects de l’Etat de droit en Haïti. Sans cela, il n’y aura ni reconstruction, ni développement, ni investissements, ni créations d’emplois, ni génération de richesses. Sans un Etat de droit en Haïti, tous les efforts que nous faisons tous, Haïtiens et communauté internationale, seront vains ». (Fin de citation)
Ne pensez pas que le numéro un de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation se positionne en faveur de la chasse des ONGs d’Haïti. Il admet que l’action des organisations non-gouvernementales, hier et aujourd’hui, sur le plan de l’humanitaire et de l’urgence demeurent encore fondamentales.
Ce qui importe, de l’avis de M. Mulet, c’est de faire en sorte que les interventions des ONG tiennent comptent des priorités haïtiennes, et en ce qui a trait à la reconstruction, que ces interventions se réalisent au regard du Plan de la Reconstruction d’Haïti.