Haïti : Dynamique de la population et aménagement du territoire
Le 28 octobre dernier, à Port-au-Prince, l’UNFPA, le Fonds des Nations Unies pour la Population, a organisé un atelier sur la Dynamique de la population et l’Aménagement du territoire. Des représentants d’institutions publiques et d’organismes internationaux intervenant dans ce champ, des spécialistes en Population et Développement avaient pris part à cette activité.
C’est le représentant du Fonds des Nations Unies pour la Population en Haïti qui a procédé à l’ouverture de cette journée axée sur la Dynamique de la Population et l’Aménagement du territoire. En s’introduisant, Igor Bosc a mis l’emphase sur certaines problématiques auxquelles les autorités haïtiennes se devront d’apporter des réponses structurantes.
La migration
‘’Depuis le séisme, la population haïtienne est devenue beaucoup plus mobile, elle bouge et bouge encore’’ a déclaré M. Bosc. Il sait de quoi il parle ! Une enquête réalisée, octobre 2010, par son agence sur le déplacement des Haïtiens de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince ne fait que corroborer un propos pareil. La majorité de ces gens ayant laissé la capitale et les communes avoisinantes après le séisme était déjà de retour quatre(4) à six(6) mois après.
Ces sinistrés s’étaient, tout naturellement, refugiés dans les autres départements et dans les autres communes de l’ouest. En réalité, ils avaient opté pour les zones urbaines. Tabarre et Pétion-Ville arrivent en tête de liste. Les données tirées de l’enquête montrent que plus de la moitié (53.6) des individus ayant fui l’aire métropolitaine de Port-au-Prince ont choisi une zone urbaine du pays pour se réfugier.
Pourquoi sont-ils retournés dans la capitale et les communes avoisinantes ? Ayant été accueillis dans des familles aux ressources financières et matérielles très limitées, ces gens y sont revenus afin de pouvoir bénéficier de l’aide et d’autres avantages sociaux concentrés à Port-au-Prince et les communes proches, des avantages tels les abris provisoires, le ‘’cash for work’’, a relaté Igor Bosc.
De plus, les résultats de cette enquête de l’UNFPA révèlent que les habitants des six (6) villes de la région métropolitaine de Port-au-Prince ont préféré rester tout près de leur résidence après le séisme. 56.7 ont opté pour la même résidence, 12.5 pour le même quartier, mais dans une autre résidence, 12.1 ont choisi de rester sous une tente /abri dans le même quartier. Seulement 7 pour cent ont opté d’aller vivre dans un autre quartier après le tremblement de terre.
Il faudrait aussi se faire des questions sur le choix de la région métropolitaine comme destination des migrants. Les motivations sont très variées.
Sur les 2500 ménages considérés dans le cadre de cette enquête, un peu moins de 26 pour cent des chefs de ces ménages, quel que soit le sexe considéré, avaient quitté leurs lieux de naissance pour la région métropolitaine pour des raisons de famille ; 35.6 pour cent étaient a la recherche d’un emploi ; 23.4 pour cent pour des raisons liées à l’éducation ; 1,8 pour cent partait à la recherche de soins de santé et 1.8 pour cent pour des causes politiques.
Si celui qui migre part avec le projet d’améliorer ses conditions de vie, par contre cela ne réussit pas toujours aux migrants. 60 pour cent d’entre eux estiment que leur situation est pire qu’avant la migration, et de ce fait 20 pour cent envisagent de quitter la capitale et ses environs au cours des cinq prochaines années.
La natalité
Igor Bosc a abordé aussi la question de la natalité, le taux fécondité de femmes et/ou de filles qui sont tombées enceintes après le séisme est multiplié par trois (3), passant de 4 pour cent à 12 pour cent. Il a eu pour elles une pensée spéciale à l’ouverture, le 28 octobre 2010, de cet atelier sur la Dynamique de la population et l’Aménagement du territoire.
Ce nouveau pic de la natalité, devenu problématique eu égard aux conditions socio-économiques générales du pays, et pose une nouvelle fois l’urgente question de la politique d’aménagement du territoire. ‘’ La problématique de la natalité se pose dans un contexte particulièrement complexe, en plus de son influence sur la structure même de la population haïtienne. Elément de la nouvelle dynamique de la population, ce pic de natalité post-séisme en milieu urbain doit être pris en compte dans l’élaboration de la politique d’Aménagement du territoire’’ a laissé entendre M. Bosc.
L’élaboration et la mise en œuvre de cette politique se révèlent une nécessité pour le pays, et cette agence onusienne s’occupant de la thématique population serait prête à soutenir toute initiative allant dans ce sens.
De l’avis de Igor Bosc, l’application de cette politique d’Aménagement du territoire serait une façon de rendre hommage à ceux-là et celles qui ont perdu leur vie dans la catastrophe du 12 janvier, mais aussi elle se révèlera utile à la réduction du flux de gens qui sont obligés de quitter leur communauté native pour s’installer, soit à Port-au-Prince ou dans une contrée étrangère.
S’adressant aux Haïtiens, le représentant de l’UNFPA dit espérer que cette politique, si elle parvient à prendre corps, ‘’aidera à comprendre qu’il n’est pas toujours nécessaire d’aller chercher le bonheur ailleurs quand il se trouve dans nos jardins et sous pieds’’.
Actions souhaitables
Igor Bosc appelle de ses vœux à l’adoption d’une politique d’ancrage institutionnel de la problématique de la population fondée notamment sur l’exécution d’un plan d’Aménagement du territoire. Ce plan devra faire la promotion de villes dotées de services sociaux de base en tenant compte du fait migratoire. Il devra également promouvoir des pôles de croissance et/ou développement, tout en préjugeant de pareille fonction aux villes métropoles départementales. La création de ces pôles de développement aidera grandement, selon lui, à décongestionner la région métropolitaine de Port-au-Prince.