Distribution spatiale de la population haïtienne et pôles de croissance urbaine
L’intérêt de cette présentation faite par Gabriel Bidegain, Conseiller technique principal de l’UNFPA, le Fonds des Nations Unies pour la Population en Haïti était de partager avec les participants à l’atelier sur la ‘’Dynamique de la population et Aménagement du territoire’’ les informations sur la manière dont les Haïtiens occupent l’espace national.
Et pour une mise en train, Gabriel Bidegain a avancé à l’entame de son exposé les données suivantes :
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38.24 % de la population totale vit sur 11.17 % du territoire. D’un autre côté, 13.02 % de la population totale vit sur 21.07 % du territoire national.
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Densité:
34.20 % de la population totale vit sur un territoire dont la densité n’atteint pas 200 habitants au km2.
27.56% sur un territoire dont la densité varie entre 200 et 300 habitants au km2. .
61.76 % de la population vit sur un territoire dont la densité est largement inférieure à la densité nationale.
Par contre, 38.24 % de la population vit sur un territoire dont la densité de population atteint 1060 personnes, soit plus de trois fois la densité nationale.
Ces statistiques traduisent selon ses commentaires de fortes disparités en termes d’occupation de l’espace haïtien. Ces disparités sont visibles au niveau intra départemental, – donc entre les communes -, mais aussi au niveau interdépartemental.
Au regard de certains résultats du Recensement général de la population et de l’habitat (Rgph, 2003), le département de l’Ouest concentre 36.98 pour cent de la population totale du pays, tandis qu’à l’autre extrême de l’intervalle, l’on retrouve le département du Nord-est avec un peu moins de 4 pour cent des Haïtiens, soit 3.68 pour cent.
En ce qui a trait à la présence des gens dans les zones urbaines, la distribution varie d’un extrême à un autre, a fait remarquer M. Bidegain. Il a corroboré ses dires avec les chiffrées suivantes :
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17.29 % des villes du pays ont une population inférieure à 2000 habitants, soit au total 0.76% de la population urbaine nationale.
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74.44 % des villes du pays ont une population inférieure à 10,000 habitants soit au total 11.36 % de la population urbaine nationale.
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A l’autre extrême, 1.50% des villes regroupent 39.14% de la population urbaine avec une population largement supérieure à 500,000 habitants.
Dans le dernier cas, la référence, immédiatement, est faite à la capitale haïtienne.
Au niveau urbain, on est toujours dans le registre des extrêmes, car le déséquilibre est fortement prononcé entre les villes. L’Aire métropolitaine de Port-au-Prince compte 64.60 pour cent de la population urbaine du pays, alors que le Cap-Haitien présenté depuis toujours comme la deuxième ville haïtienne n’en contiendrait que 10 pour cent (9.85 % exactement).
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Ce phénomène se répète à l’intérieur des départements, a indiqué Gabriel Bidegain : ’’Les chefs lieux des départements du Nord, du Nord-Ouest, du Sud et de l’Ouest comptent tous 10 fois plus d’habitants que la population de la 2ème ville du département. Ce chiffre est moins important pour le Sud-Est, le Centre, la Grand’ Anse et l’Artibonite. Fort Liberté est la seule ville qui n’ait pas la plus grande population de son département’’.
L’un des points forts signalé dans son exposé se rapporte au fait que le pays n’est plus rural. Si le RGPH de 2003 avait fourni des données selon lesquelles seulement 40 pour cent de la population vivaient dans les villes, cependant les projections faites après tendent à confirmer un bouleversement de la situation. La majorité des Haïtiens vivent maintenant dans les villes, et vont continuer à débarquer dans ces espaces par effet migratoire, et cela va se poursuivre même si l’on fait ressusciter Polpot[1], a lâché M. Bidegain.
Il a analysé aussi le rythme de l’urbanisation, lequel s’est accéléré en passant de 3.5 pour cent entre 1971 et 1982 à de 4,7 pour cent entre 1982 à 2003. Cette croissance urbaine est beaucoup plus prononcée dans les départements de l’Ouest, du Nord-ouest et du Nord. Par contre, dans le sud, elle a ralenti.
En appui, Gabriel Bidegain a partagé avec l’assistance quelques slides montrant la taille et l’extension de certaines villes départementales. Et la conclusion à laquelle il est parvenu est que l’extension urbaine s’est faite de manière désorganisée, en l’absence de tous les principes régissant l’urbanisation, c’est- à -dire pas de politique ni de plan directeur pour l’Aménagement du territoire. En revanche, a-t-il signalé, il y a trop d’établissements humains informels, lesquels se multiplient à un rythme inquiétant avec des conséquences néfastes sur l’environnement et la vie des gens.
[1] Polpot, de son vrai nom Saloth Sar (1928-1988), était le leader des Khmers rouges, une organisation communiste et le Premier ministre du Kampuchéa démocratique (Cambodge actuel) entre 1975 et 1979. Les politiques de son gouvernement ont provoqué la mort d’environ 1,5 millions de personnes.