Haïti-Elections : Ottawa et Washington mettent Haïti face à ses «responsabilités»
Washington et Ottawa ont appelé lundi les autorités haïtiennes à assumer «leurs responsabilités» et à faire plus en matière de reconstruction du pays, les Etats-Unis allant jusqu’à laisser planer la menace d’une suspension des aides vers Port-au-Prince.
Haïti fait face à plusieurs «défis» de taille, liés au séisme de janvier et à ses conséquences, et sans une «direction claire» fournie par des urnes, il sera difficile de tout surmonter, a lancé la secrétaire d’Etat Hillary Clinton.
Commentant l’appel lancé par un puissant sénateur américain pour que les États-Unis gèlent leur aide à Haïti et n’accordent pas de visas à ses responsables si ces derniers ne s’engagent pas à garantir des élections démocratiques, elle a souligné qu’il s’agissait là d’«un signal très clair que nous attendons plus et voulons plus».
Cette menace a été brandie vendredi par le démocrate Patrick Leahy, chef de la puissante commission judiciaire du Sénat américain, dans la foulée des violences ayant suivi la publication des résultats du premier tour de l’élection présidentielle. Beaucoup avaient dénoncé des fraudes massives.
Notant que l’élu en question dirige une Commission sénatoriale qui «décide où va notre aide étrangère», Mme Clinton a estimé que de tels propos «expriment la frustration grandissante du gouvernement et du peuple américains face à l’absence d’une réponse cohérente et nécessaire du gouvernement d’Haïti, alors que nous approchons du premier anniversaire du séisme».
«En même temps, a tempéré la secrétaire d’État, nous ne voulons pas punir le peuple d’Haïti», pays le plus pauvre de l’hémisphère nord, frappé par un séisme meurtrier en janvier puis depuis cet automne par une épidémie de choléra.
Washington et Ottawa sont les deux premiers pourvoyeurs d’aide vers l’île.
«Nous essayons de progresser dans un environnement difficile et nous voulons voir des progrès sur le terrain», a-t-elle poursuivi, aux côtés de ses homologues mexicain, Patricia Espinosa, et canadien, Lawrence Cannon.
L’hôte de cette réunion, qui se tenait dans une ancienne scierie située à 30 mn au nord d’Ottawa, dans la campagne québécoise enneigée, a abondé: «la communauté internationale ne peut pas tout faire en Haïti».
«Il faut que le gouvernement et le peuple prennent leurs responsabilités», a insisté M. Cannon, qui avait annoncé la veille que son gouvernement était prêt à participer aux opérations de recomptage des votes du scrutin du 28 novembre.
Les ambassadeurs accrédités en Haïti s’étaient prononcés dimanche en faveur du recomptage des votes du premier tour contesté de la présidentielle.
La présence au second tour du candidat du pouvoir, Jude Célestin, a été interprétée par beaucoup de candidats comme la preuve d’une fraude massive.
«Nous devons trouver plus d’experts techniques capables d’expliquer ce qui s’est passé lors des élections et essayer de crée une meilleure compréhension acceptée par la communauté internationale et surtout par le peuple haïtien», a souligné Mme Clinton.
Les États-Unis sont prêts à fournir «toute l’aide nécessaire» a-t-elle dit, notant que d’autres pays étaient également disposés à aider à sortir de cette énième crise haïtienne.
Les trois ministres nord-américains ont par ailleurs annoncé que le président américain Barack Obama, son homologue mexicain Felipe Calderon et le Premier ministre canadien Stephen Harper se rencontreraient au Canada en 2011.