Haïti /Football : L’humiliation jamaïcaine expliquée par Yves(Dadou) Jean-Bart
Décidément notre pays continue de battre les records et surtout de réaliser des « historiques ».
Nos jeunes garçons qui disputaient la Coupe du monde à Montego Bay depuis le 14 février ont été contraints de laisser la compétition sous pression des autorités jamaïcaines particulièrement, du Maire et des propriétaires de l’Hôtel espagnol Ibero Star où loge la délégation haïtienne.
Depuis l’arrivée de nos jeunes a la Jamaïque le 3 février, afin de s’acclimater et de bien se préparer, la pression est énorme sur eux; déjà ils ont été soumis pendant 4 heures a une évaluation médicale complète dans une salle de l’aéroport;
Lundi, qui marquait le début du championnat on jouait contre Costa Rica (défaite 1-3) et après le match joué sous un chaud soleil de midi, deux joueurs ne se sentant pas bien, ont été amenés a l’hôpital; l’entraineur Edson Bresilien qui avait consommé un poulet trop épicé la veille, était déjà depuis 9:00 du matin dans ce même hôpital.
C’est sans doute ce prétexte qu’on attendait, car au stade même, débarqua une équipe de «public health» obligeant tous les joueurs a regagner les vestiaires pour une révision médicale; dans la foulée le team médical a dit avoir trouve 2 joueurs avec une température borderline et décidé de les emmener de force a l’hôpital rejoignant les 2 autres mal en point au cours du match; après des heures d’attente seulement pour un prélèvement de sang, les joueurs fatigués rentrèrent a l’Hôtel.
J’étais dans les rues avec un ami jamaïcain cherchant du chloroquin lorsque une voix se présentant comme le Ministre de la Sante m’informa qu’il fallait convaincre les joueurs et l’entraineur à retourner a l’hôpital en s’excusant de la lenteur du service mais que cette fois, il sera fait cas de leur situation.
J’ai pu convaincre les 5 a retourner, estimant naïvement que c’était pour leur bien; mais arrive a 10:00 pm, il n’y avait pas de médecin, seulement une auxiliaire qui prit leur nom, âge etc… et leur apprit qu’ils devaient être mis en isolement ici pendant trois jours; personne n’avait apporté aucun effet personnel; étrange, le mini bus qui nous avait amené était reparti; après réticence on entra et laissant l’édifice de devant on alla jusqu’au fond de la cour et dans une baraque sale avec des lits tordus et des draps décolorés, on invita les jeunes portant encore l’uniforme national a se coucher, des bourreaux sont déjà postes; comique !
Un jeune footballeur haïtien qui joue en Jamaïque catalogué «haïtien» est aussi mis «aux arrêts» ; jusqu’à ma propre personne, j’ai été «invité» a ne pas laisser les lieux; cette baraque médicale a un pire aspect, dix fois plus que le service. D’orthopédie des années championnes de la saleté; je rentrai de l’hôtel a 5:00 pm juste le temps de me préparer pour un congrès important car j’étais sur la liste des candidats pour le comite de l’UFC.
Jusque-là, on se disait que c’était peut être pour soigner les jeunes; le lendemain c’était le congrès de la CFU et j’en profitai pour protester contre les mauvaises conditions dans lesquelles on les soignait en insistant sur le fait que 3 personnes qui se sentaient bien ont été forcées a rester a l’hôpital; Monsieur Warner provoqua une réunion avec le Ministre des Sports qui décida d’aller personnellement s’excuser auprès des joueurs a leur hôtel et de les assurer qu’ils sont bienvenus en Jamaïque.
Mais, au moment même où le Ministre donnait l’accolade aux joueurs, débarqua le Maire de Montego Bay avec une armée d’agents de sécurité armés et d’auxiliaires qui décident que les membres de la délégation doivent subir des tests médicaux: ce que nous refusons et entraina des palabres assortis de menaces d’utilisation de la force pour nous faire courber; peu après alors que le groupe allait monter dans l’autobus pour partir a l’entrainement, par la force l’accès au véhicule leur fut interdit.
Vint un long «pale -anpil», les Jamaïcains estimant que nous avions des choses a cacher on a alors décidé de nous soumettre a leur «petite entrevue» ce fut pour notre malheur car ils décidèrent que 9 Membres avaient non pas la fièvre mais une température «borderline» qui nécessitait l’isolement et des examens complémentaires.
Le ridicule est que parmi les «infectés» il y a 3 jeunes, fils de compatriotes nés en France et qui n’ont jamais encore mis les pieds en Haiti et aussi Clifford Nau qui va a l’école aux USA, donc en dehors du pays depuis longtemps; plus ridicule un parent d’un jeune footballeur haïtien qui vit aux USA et qui était venu assister aux matches, logeant dans son propre hôtel et qui s’est présenté pour faciliter la traduction est lui aussi dans la liste de ceux a isoler en attendant les tests de labo qui jusqu’à ce moment, après 3 jours n’arrivent toujours pas.
Entre temps, le Maire nous ordonne d’appeler Haiti pour qu’un avion vienne nous chercher pour ne pas infecter les passagers et touristes des vols commerciaux ; dans un 1er temps on insiste pour qu’on joue mais les enfants pleurant privés même de leur gadget personnel (ipod, mp3) commencent a désespérer ; on décide alors de partir mais Tortugair, la compagnie nationale nous informe qu’il sera difficile de nous récupérer vu les autorisations préalables a obtenir.
Finalement aux environs de minuit on autorisa les joueurs a regagner leur chambre sous forte escorte avec interdiction de la laisser; des agents de sécurité de l’hôtel étant placés devant chaque porte ; ces scènes humiliantes se déroulant sous les yeux des jeunes footballeurs des 8 autres pays qui lancent de temps en temps des regards a travers la grande porte vitrée.
Le Maire a annoncé qu’il va nous chasser de force de l’hôtel et la Concacaf, prudente, nous demande de ne laisser l’hôtel sous aucun prétexte en attendant qu’ils trouvent un avion pour nous ramener chez nous.
C’est sans doute un record; la 1ere fois qu’une équipe est expulsée de la coupe du monde pour «maladie».
Yves(Dadou) Jean-Bart
Président de Fédération Haïtienne de Football