Haïti : Aristide quittera jeudi l’Afrique du Sud
L’ancien président haïtien Jean-Bertrand Aristide quittera jeudi l’Afrique du Sud, où il vit en exil depuis 2004, pour rentrer dans son pays avant l’élection présidentielle de dimanche, a indiqué à l’AFP un haut-responsable sud-africain sous couvert d’anonymat.
« Le président doit prendre l’avion jeudi après-midi. Les détails de son itinéraire seront communiqués » lors d’une conférence de presse juste avant son départ, a déclaré cette source mercredi.
Les Etats-Unis avaient demandé lundi à l’ancien président de différer son retour pour ne pas perturber le second tour de la présidentielle qui doit opposer l’ancienne Première dame Mirlande Manigat au chanteur populaire Michel Martelly.
« Un retour avant le scrutin peut potentiellement déstabiliser l’ensemble du processus politique », a de nouveau estimé mercredi l’ambassade des Etats-Unis à Pretoria.
« Nous encourageons le gouvernement sud-africain (…) à faire pression sur l’ancien président pour qu’il reporte son retour », a ajouté sa porte-parole, Elizabeth Trudeau.
« Les Etats-Unis doivent voir ça avec le gouvernement haïtien. Si on lui a donné un passeport, ce n’est pas à nous de décider quand il doit quitter l’Afrique du Sud », avait estimé mardi le vice-ministre des Affaires étrangères sud-africain Marius Fransman.
Haïti a fourni en février un nouveau passeport à l’ancien président, lui permettant de rentrer au pays sept ans après son départ, sous la pression de la rue, des Etats-Unis et de la France.
Ses proches ont confirmé mercredi qu’il rentrerait avant dimanche mais que cela n’avait « rien à voir avec l’élection », selon les termes de sa porte-parole en Haïti, Maryse Narcisse.
Il « s’inquiète qu’un changement de gouvernement en Haïti ne l’oblige à rester en Afrique du Sud », a expliqué son avocat Ira Kurzban.
Jean-Bertrand Aristide, 57 ans, réside à Pretoria avec sa femme et ses deux filles et travaille actuellement à l’Université d’Afrique du Sud (Unisa).
Ancien prêtre se réclamant de la « théologie de la libération », il reste ultra-populaire auprès des plus humbles grâce à un discours populiste, même s’il a par deux fois été chassé de la présidence haïtienne.
M. Aristide avait fait son entrée en politique en 1985, en prononçant ses premiers discours enflammés contre la dictature de Jean-Claude Duvalier, dit « Baby Doc », qui allait s’effondrer un an plus tard. Ce dernier vient lui aussi de faire un retour remarqué en Haïti en janvier, entre les deux tours de la présidentielle.