Haïti/ Nation Unies : Le HCDH appelle au respect du droit des sinistrés à un logement convenable
Communiqué de Presse
Port-au-Prince, le 24 juin 2011 – Le Bureau du Haut Commissariat des Droits de l’Homme des Nations Unies (HCDH) en Haïti est profondément préoccupé par la situation du respect du droit des personnes à un logement convenable, et ce plus particulièrement s’agissant des personnes vivant dans les camps qui se sont formés après le séisme et dans les communautés informelles – parfois appelées bidonvilles.
Le droit à un logement convenable est intrinsèquement lié à d’autres droits de l’homme, tels que les droits à la santé, à l’eau, à l’emploi, à l’éducation et à l’intégrité physique de la personne, et il nécessite des moyens économiques, ainsi que l’accès à l’eau et l’assainissement. Le Bureau du Haut Commissariat aux Droits de l’Homme en Haïti estime qu’une reconstruction réussie ainsi qu’une sécurisation et une stabilisation à long terme du pays dépendront en partie du respect du droit à un logement convenable.
En vue de formuler des recommandations sur la situation du logement et des efforts de reconstruction au Gouvernement d’Haïti et à la communauté internationale, la Rapporteur Spéciale des Nations Unies sur le droit à un logement convenable, Mme Raquel Rolnik, a effectué une visite de travail en Haïti du 8 au11 Juin 2011. Dans le cadre de cette visite, elle a participé à un atelier de travail sur le droit au logement en cas de catastrophes naturelles, organisé conjointement par ONU-Habitat, le Bureau du Haut Commissaire aux Droits de l’Homme et la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH). Elle a aussi visité des camps de personnes déplacées ainsi que des quartiers de la capitale endommagés par le tremblement de terre. Cette visite a été organisée par le Bureau du Haut Commissaire aux Droits de l’Homme en Haïti.
Peu de temps avant cette visite, les 20, 23 et 25 mai, trois camps (Place du Camp-Dame, camp de Delmas 3/Foyer culturel et Assistance Camp Plus) dans la municipalité de Delmas, à Port-au-Prince avec environ 850 familles ont été fermés avec usage de la force par les autorités locales. Des abris ont été démolis, et dans de nombreux cas irrémédiablement endommagés. Certains effets personnels ont été détruits ou perdus et certains habitants des camps auraient été battus. Des familles ont été contraintes de quitter les camps sans aucune vérification préalable de leur accès à un logement alternatif, quand bien même les autorités indiquent qu’elles ont financièrement compensé les familles.
La fermeture des camps de Delmas s’inscrit dans le cadre d’une série d’incidents similaires qui ont eu lieu au cours des douze derniers mois. Le 26 mai, les autorités haïtiennes ont fait part aux Nations Unies de leur opposition à la manière dont les camps ont été fermés. Cependant, le 6 Juin, environ 70 familles auraient été contraintes de quitter le camp Place Mache à Grand-Goâve, (département de l’ouest). Le HCDH se félicite de la position exprimée par les autorités et de leur réponse rapide à la fermeture du camp de Delmas, mais demeure profondément préoccupé que d’autres camps continuent d’être fermés avec l’usage de la force.
Certaines personnes vivent actuellement dans des camps à cause de la perte de leurs maisons lors du séisme tandis que d’autres se sont déplacés dans des camps pour échapper à des conditions de vie difficiles dans les communautés informelles. Le HCDH reconnaît le défi exceptionnel à relever pour les autorités haïtiennes dans le développement de solutions durables pour des centaines de milliers de personnes dans les camps et logements spontanés. Les autorités municipales doivent répondre à des demandes souvent concurrentes de fermeture des camps qui occupent des terres privées, ou qui obstruent des écoles, routes et autres espaces publics, tout en offrant un soutien aux populations et prévenant la criminalité. Néanmoins, comme mentionné par la Rapporteur Spéciale lors de sa visite, « l’expulsion de personnes sans fournir un logement de remplacement convenable est une violation du droit international des droits humains».
Pendant toute l’année 2010, le HCDH, à plusieurs reprises, a encouragé le Gouvernement haïtien à adopter une approche globale prévoyant des délais raisonnables pour la fermeture des camps, assortie de la construction de logements alternatifs. Le HCDH a insisté pour que le plan englobe tous les camps et inclue des dispositions pour améliorer les conditions de vie dans des logements informels, et qu’il envisage la transformation d’un nombre restreint de camps en quartiers informels destinés à perdurer. Étant donné le cycle continuel de mouvements des quartiers aux camps, le HCDH estime que seul un plan global peut permettre de faire avancer la cause du progrès durable et du respect des droits de l’homme.
Le HCDH se joint à la Rapporteur Spéciale pour féliciter les autorités nouvellement élues d’avoir manifesté leur volonté de travailler avec la communauté humanitaire et de préparer une stratégie initiale pour la fermeture de six camps conformément aux normes internationales. La Rapporteur Spéciale a insisté que la sélection des camps destinés à être fermés en priorité le soient sur la base de critères de vulnérabilité. Le Bureau du Haut Commissariat insiste sur l’importance, pour les autorités haïtiennes, de s’assurer que la fermeture des ces camps spécifiques fasse partie d’un plan global qui puisse réellement être mis en œuvre dans le cadre du droit à un logement convenable pour tous, tant dans les camps que dans les logements informels. La sélection de ces six camps prioritaires ne constitue pas en soi une solution au problème plus large de la relocalisation.
Le HCDH est convaincu que ni le Gouvernement ni les autorités municipales ne souhaitent la fermeture des camps à n’importe quel prix. Le HCDH recommande au Gouvernement de s’assurer que la fermeture des camps soit réalisée dans le respect du droit international, et encourage le Gouvernement et la communauté internationale à envisager un soutien croissant aux autorités municipales à cet égard.