Haïti: Conille, fin ou début du calvaire ?
Gary Pierre-Paul Charles, l’animateur qui accélère le rythme des après-midis sans fin avec son émission de débats politiques où il tient la vedette avec ses scoops en rafale, en a parlé ce mardi : Garry Conille a des difficultés pour trouver ses marques à la primature. Edito de Frantz Duval.
Conille brasse de l’air, si on soustrait les contrats des anciens employés qui sont déjà sur son bureau pour renouvellement. La présidence ne lui a pas fait de cadeau. Son prédécesseur non plus. Pas de traces des dossiers importants de l’Etat en dépit de la mise en marche des radars et détecteurs de fumée de sa nouvelle équipe.
En parlant d’équipe, qui forme celle du Premier ministre ?
Pas grand monde. Pas un ministre, selon ce qui se dit. Pas de directeurs généraux importants non plus ne se profilent à l’horizon. Il se constitue son cabinet particulier, se réjouit-on dans son entourage.
Les prochaines nominations importantes sont du ressort de la présidence. Quelques secrétaireries d’Etat sans lustre et des administrations qui ne tentent personne de sensée, finiront pas tomber dans l’escarcelle des rares amis et alliés du jeune PM, prévoit-on. Pas plus.
Heureusement que Conille n’avait pas fait campagne : il n’a pas grand monde à récompenser. Et comme il n’était pas de la campagne électorale, dans le camp de Martelly, on ne lui doit rien. On ne lui reconnaît pas de droit non plus, rapporte un observateur.
D’ici à ce que son rôle soit clair dans la conduite de la machine de l’Etat, le Premier ministre se morfond et traîne son ennui de réunions en installations. Son langage corporel sur les photos qui sont publiées le montre figé, en retrait, absent, visiteur non désiré de son propre gouvernement.
Et dire que les jours difficiles arrivent. Maintenant qu’il y a un gouvernement et que le Premier ministre en visite à la Télévision nationale a pris l’engagement de communiquer, il devra expliquer et défendre des actions qui ne sont nécessairement pas de son initiative.
Qu’a-t-il à dire sur les actions de son commissaire de gouvernement qui poursuit un parlementaire et des membres du Conseil électoral provisoire qui a fait l’élection de son président ? Comment, lui, Conille l’onusien, voit-il le retour de l’armée ? Où est-ce que le bon gestionnaire en lui cherche-t-il tous les milliards qu’il lui faudra trouver pour donner vie aux promesses du président Michel Martelly ? Comment Conille vit-il la transition de son rôle de fonctionnaire international qui n’avait que des responsabilités administratives à celui de Premier ministre d’un pays foudroyé et perclus de problèmes ? Que va-t-il promettre au parlement et au pays pour que nous reprenions confiance dans la CIRH ?
Il est trop tôt pour conclure que Garry Conille, le diaspora sorti des manches de l’Onu et de Bill Clinton, s’est fait avoir ou que nous n’avons pas tiré le bon lot avec lui à la tête du gouvernement. Cependant, il est évident que le Premier ministre devra dans les jours qui viennent se tailler un costume, se créer un personnage, trouver un place dans le jeu.
Bon pour le service, le premier des candidats de Martelly à avoir réussi l’examen d’entrée devant les deux Chambres, Conille, doit bien disposer d’atouts. Il ne peut pas s’être engagé que pour parfaire son curriculum vitae ou pour être le spectateur consenti de son destin.
La présidence Martelly a besoin de renfort pour passer les prochains examens qui sont sur sa route. Elle aurait tort de laisser sur le bord de la route son Premier ministre. Si vite, si loin du but.
Frantz Duval
duval@lenouvelliste.com