Le courrier de Fonds-Rouge(9) : Jérémie
Au pied de la colline, elle est comme endormie
Très gracieusement, ma chère Jérémie
Et je veux la chanter, cette fière cité
Ce lieu que je chéris, doux coin qui m’a vu naître
Lundi 24 mars 2013.- Ces vers joyeux sont de Timothée Paret, natif de Jérémie. Cité des poètes. Pourtant, cela fait longtemps, même très longtemps que les habitants de ce pôle urbain départemental ont perdu le goût de cette poésie vivace. Jérémie passait aussi dans l’esprit de beaucoup, suivant l’aune haïtienne, comme une grande ville, par contre une ville isolée.
On s’est plaint de l’état exécrable de la route menant à cette cité, en sortant de Port-au-Prince. Cauchemar. Pénible cheminement. Route en terre battue sur de longs kilomètres. Poussiéreuse en période de sécheresse, boueuse donc glissante en temps de pluie. Détour sinueux. Pente savonneuse. Le voyage vers cette métropole se révélait risqué. Epuisant. Harassant.
Cependant, les travaux d’infrastructure inaugurés par le président René Préval, poursuivis par Michel Martelly pourraient, à la longue, rendre moins fatiguant une visite à Jérémie en empruntant la voie terrestre.
Sur la route de Jérémie, j’ai pu contempler le pont métallique jeté sur la Rivière Glace, vaste sépulture de jadis. Ce cours d’eau, non encore dompté, constituait un immense et dangereux piège, mortel par-dessus tout.
J’ai vu des hommes manœuvrant pelles mécaniques, marteaux-piqueurs et d’autres engins lourds afin d’élargir la voie à Fond-Deron, à Plaine Martin. Sur une bonne partie de la route, j’ai vu des quartiers de roches décapités par dynamitage, moyen technique utilisé pour détacher, puis tailler en pièces ces énormes structures géologiques. J’ai vu les avancées de ces travaux tant attendus dans la zone d’André et avant la très réputée courbe baptisée « Move zafè ».
Sur la Route nationale # 7, j’ai vu comment des techniciens sont parvenus à dompter Morne-CNE ci-devant «Fanm pa dra». Une femme terrible qui ne se donnait pas facilement. Elle était trop retorse. Sur le tronçon en chantier, j’ai vu des travaux fort intéressants: drainage, déblayage ici, remblayage là-bas, correction de la géométrie routière, etc. En l’état actuel, j’ai fait le trajet Port-au-Prince\Jérémie en l’espace de 6 heures.
J’ai traversé « Rampe » prudent mais non en trottinant comme autrefois. En parcourant l’asphalte déjà jeté sur cette chaussée, j’ai pu, le temps des ralentissements du véhicule, jeter des coups d’œil aux alentours, principalement sur les mornes ayant têtes dans les nuages, projeter des regards furtifs sur des fonds sablonneux, sur Cance et sur une partie de la plaine des Cayes. Vue panoramique.
A la fin des travaux, assurément le temps du trajet sera réduit considérablement. La cité des poètes deviendra plus accessible avec la construction des ponts sur Voldrogue et la rivière de Roseaux. La firme contractante ne pourra fermer chantier d’ici à demain, pourtant je suis content de ce qui est fait, sans passer un trait sur la déconvenue avec la firme brésilienne OAS ayant accumulé trop de dépenses illusoires.
De concert avec les Jérémiens, les Jérémiennes, et les habitants de toutes les autres communes du département de la Grand’Anse, il faudra continuer à veiller aux grains tout en préparant le joli bouquet de remerciements destiné aux autorités. La construction de cette route bouclée, la réhabilitation du port terminée ainsi que celle de la piste d’atterrissage serviront à désenclaver la métropole de la Grand’Anse. Personne ne sera à même d’enlever ce point d’honneur au gouvernement Martelly/Lamothe.
Si l’Etat pourrait continuer les travaux de rénovation urbaine, augmenter la gamme de services publics tel un corps de pompiers. Si les hommes d’affaires de la cité pourraient suivre cette ouverture qui s’annonce.
En chœur, nous pourrons reprendre après Ducas Hyppolite :
Joyeuse Jérémie
Ô ma brune chérie,
Puisses-tu toujours rajeunir
Tes attraits et ta grâce,
A l’étranger qui passe
Parlent souvent de toi.
Idson Saint-Fleur
idsonsaint1977@gmail.com