Le Courrier de Fonds-Rouge # 25: Pour un hommage à la diaspora gonâvienne
Lundi 25 Août 2014.-La prochaine édition du programme « Gouvènman an Lakay ou » est annoncée à la Gonâve. Comme d’habitude, Laurent Lamothe va écouter quelques-uns de ses ministres déployer les actions déjà réalisées sur l’île, par la suite faire de rapides projections.
A la place de ce show politico-médiatique, j’aimerais que le Premier ministre et ses lieutenants soient de préférence en visite d’inspection à la Gonâve. J’aimerais qu’ils se déplacent à travers la ville d’Anse-à-Galets pour constater la faiblesse de la représentation de l’Etat, voir tout d’abord l’image misérable du commissariat de police. Des agents de la PNH hébergés dans une masure.
J’aimerais que les officiels du gouvernement rencontrent les élèves du lycée de la ville qui croupissent dans un autre bâtiment parce que le leur,fissuré de toutes parts, avait mis leur vie en danger. J’aimerais qu’ils remarquent que la DGI et la mairie sont mal logées.
J’aimerais que M. Lamothe et ses seconds notent que la ville d’Anse-à-Galets patine dans un projet d’asphaltage. J’aimerais qu’ils comprennent que le seul vrai centre hospitalier de la ville, et de toute l’île, est géré par une mission religieuse, et est incapable de répondre à la demande en soins de santé.
J’aimerais que M. Lamothe et son écurie poussent leurs observations à Pointe-à-Raquettes.Cette petite ville longiligne, coincée entre la mer et des mornes aux têtes brûlées, est encore plus dépourvue que sa sœur, Anse-à-Galets.
J’aimerais que le chef du gouvernement profite, de préférence, de ce voyage, pour survoler l’île et poser des yeux de responsable sur sondéboisement, phénomène historique ayant impliqué de simples citoyens et des agents affairistes de l’administration publique.
J’aimerais que M. Lamothe, dans une approche de proximité, aille à la rencontre des paysans de Petite-Source, de Picmy, de Nan-Café, de Deux-Baleines ; j’aimerais qu’il voie le désarroi des petits agriculteurs de Nan-Canne, Nan-Baca, de Mahotière et de Trou-des-Hommes ; j’aimerais bien que le PM écoute les complaintes des petits éleveurs de Belle-Platon, de Petit-Palmiste. J’aimerais qu’il parle aux pêcheurs de Trou-Jacques, de Trou-Louisjeune et de Petite-Anse.
J’aimerais que Laurent Salvador Lamothe et ses ministres se passent de cette grand-messe médiatique pour se concentrer sur ce dont il pourrait s’agir aux fins d’amorcer le développement de la Gonâve, d’analyser des propositions d’investissements, de ressusciter certains grands projets de développement touristique.
Au bout du compte, j’aimerais que le chef du gouvernement, au nom de l’Etat, rende un hommage aux Gonâviens de la diaspora, car ce sont eux qui tiennent les îliens en vie ; ce sont eux qui donnent à manger, paient la scolarité des enfants, donnent des logements à leurs familles. Ce sont eux les vrais assureurs de la communauté. La Gonâve serait tout simplement une île de pauvreté sans l’existence de la diaspora dont les pionniers ont bravé mer agitée, montres marins pour se jeter sur les sables de la Floride. Ce sont ces hommes et ces femmes d’honneur, en eau, dans les plantations et les villas martiniquaises et guadeloupéennes qui gardent la vie de la population gonâvienne.
Idson Saint-Fleur
saintfleuri14@yahoo.fr
idsonsaint1977@gmail.com