HAITI/POUVOIR LEGISLATIF-SENAT : Le G5 fait de la surenchère !
Le Sénat de la République d’ Haïti est divisé en deux (2) camps : le G6 versus le G5. Au milieu des deux Groupes qui totalisent onze (11) Sénateurs, se trouvent relativement bien installés huit (8) autres Sénateurs, sans oublier le Président du Sénat qui en principe ne vote pas. Telle est la configuration de la Chambre Haute au regard du jeu politico-institutionnel et du rapport des forces au sein du Grand Corps.
Le G6 est composé de Sénateurs fondamentalement opposés au Régime Tet Kale, le contraire eut été étonnant ! Il s’agit de Moise Jean Charles, Jean Baptiste Bien Aimé, Francky Exius, William Jeanty, François Anick Joseph, et John Joël Joseph. Le G5 regroupe les Sénateurs pro Président Martelly/PM Lamothe : Wenceslas Lambert, Edwin Zenny, François Lucas Sainvil, Carlos Lebon et Jean Willy Jean Baptiste. Nuançons rapidement les choses. Contrairement au G6, le G5 pourrait en cas de coup dur compter sur la majorité sinon la totalité des huit (8) ‘’électrons libres’’, c’est-à-dire les Sénateurs n’ayant officiellement pas de camp.
Que veut et/ou recherche le tardif G5 ?
Selon toute vraisemblance, la caducité ou le dysfonctionnement du Sénat avant le deuxième lundi de janvier 2015, sans considération aucune de la tenue impérative des Sénatoriales partielles à la fin de 2014. A cette fin, les Sénateurs Wenceslas Lambert et Edwin Zenny ont accordé un délai de quinze (15) jours à leurs pairs du G6 pour voter les amendements à la Loi Electorale. Sinon, le G5 démissionnerait en bloc. Un ultimatum non partagé officiellement par l’Honorable Sénateur Lucas Sainvil du G5. Le projet ‘’Tabula Rasa’’ ne fait point l’unanimité au sein du Groupe, comme on serait tenté de le croire. Le Président du Sénat, Desras Dieuseul Simon, a qualifié de suicidaire le projet de démission des Sénateurs Edo Zenny et Wenceslas Lambert.
Que gagneraient l’Administration Martelly/Lamothe et le G5 au cas où la menace de démission serait mise effectivement à exécution ?
Le Sénat, l’une des institutions les plus prestigieuses du pays, serait le premier perdant, admettront Observateurs et Analystes. Par contre, l’Exécutif disposerait d’un nouvel argument pour espérer continuer à diriger le pays sans le fonctionnement du Pouvoir Législatif. Gouverner au mieux par décret et réaliser les élections en 2015. Eliminer ainsi le spectre d’Elections générales anticipées.
Un calcul comportant, somme toute, de sérieux risques et des zones d’incertitude pour Tet Kale sans la complicité manifeste des Puissances tutrices d’Haïti. Egalement qui requiert des déboursés substantiels assortis de garanties solides de la part de l’Exécutif en faveur des ‘’Sénateurs démissionnaires’’, dans cette situation de vache maigre.
Il y a quand même d’autres impondérables à considérer en termes de capacité de l’Opposition politique, du G6 et Alliés à se mobiliser pour créer l’agitation dans les rues et un climat suffisamment pourri pour faire échec à l’Exécutif et au G5. La Communauté internationale n’ignore jamais ces cas de figure dans la gestion de la ‘’crise politico-électorale’’ d’Haïti, reconnaissent tous les acteurs concernés. Les tracasseries judiciaires faites à l’ancien Président Aristide seraient-elles les signes avant-coureurs de l’âpreté du combat entre les deux camps ?
Une chose est certaine dans l’état actuel des choses, les élections n’auront plus lieu comme prévu à la fin de 2014. Et personne ne saurait prédire avec exactitude le cours des évènements politiques dans les jours et mois à venir, plus précisément à la rentrée parlementaire du deuxième lundi de Janvier 2015.
Jean Frantz LASERRE.