Un Haïtien lynché à Hatillo Palma et deux autres portés disparus
Un ressortissant haïtien dénommé Willin Yrak a été tué à l’arme blanche dans la nuit du 19 août 2015 à Hatillo Palma, une ville dominicaine de la province de Montecristi. Deux autres ressortissants haïtiens non identifiés ont été également portés disparus.
Willin Yrak qui frisait la vingtaine aurait été sauvagement assassiné de plusieurs coups de machettes par des civils dominicains dont leur identité n’a pas été révélée.
A l’origine, une Dominicaine de 42 ans a été violée le mardi 18 août 2015 par des individus non identifiés à Hatillo Palma. Des Dominicains de cette ville ont attribué cet acte répréhensible à la communauté migrante haïtienne. En représailles, ils ont tué Willin Yrak. Deux (2) migrants haïtiens sont portés disparus. D’autres ont été battus à coups de bâton. Une pension où vivaient des ressortissants haïtiens a été incendiée le même jour. Des résidences de migrant(e)s haïtiens ont été aussi détruites, selon la même source.
Cette situation a provoqué une psychose de peur du côté des migrants haïtiens. Bon nombre d’entre eux ont quitté la zone pour regagner d’autres villes dominicaines ou pour retourner dans leur pays d’origine en passant par des villes frontalières sous peine d’être victimes de violence.
Le partenaire du GARR qui dit regretter cet incident, a indiqué que la police dominicaine a ouvert une enquête en vue de déterminer les coupables. Six (6) personnes soupçonnées d’implication dans le meurtre de Willin Yrak auraient été arrêtées.
Il convient de signaler que des actes de persécutions à l’encontre des migrant(e)s haïtiens en République Dominicaine commencent toujours par des incidents similaires.
Selon le constat fait par différents sociologues dont des Dominicains, de 2005 à 2013, ces violences criminelles perpétrées à l’encontre des migrants haïtiens en territoire dominicains sont soutenues par des « ténors » du courant ultranationaliste installés dans différentes zones du territoire dominicain qui incitent des groupes de la population à la violence et à l’affrontement.
Guy Alexandre, de regretté de mémoire, le fin connaisseur des relations haïtiano-dominicaines, avait l’habitude de qualifier ces agissements de: « syndrome d’Hatillo Palma ».
On se rappelle qu’en mai 2005, le cadavre d’une Dominicaine de 32 ans avait été retrouvé au nord de la République Dominicaine, dans la zone d’Hatillo Palma. Son mari et ses deux enfants avaient été aussi retrouvés avec de graves blessures. Sans faire d’enquête, des Dominicains ont attribué ces actes criminels aux ressortissant(e)s haïtiens. D’où le début de la chasse aux migrant(e)s haïtiens qui s’est répandue dans d’autres zones du pays, notamment à Haina, San Pedro de Marcoris et à Neiba.
L’assassinat de Willin Yrak survenu le 19 août 2015 vient allonger la liste des ressortissants haïtiens tués en République Dominicaine. Les 7 et 14 août 2015, deux jeunes Haïtiens, Johanne Paul et Titi ainsi connu ont été respectivement tués à Pedernales et Elias Piña à l’arme blanche.
Le GARR croit que ces crimes odieux répétés à l’encontre des migrant(e)s haïtiens en territoire voisin constituent une violation du droit à la vie. Ils ne doivent pas rester impunis.
Il appelle les autorités dominicaines à travailler pour le respect du droit des ressortissant(e)s haïtiens vivant sur leur territoire en vue de l’établissement d’un climat pacifique et harmonieux entre les Etats voisins.
Source : GARR-Haïti