Haïti: Un partenariat gagnant
Les éloges ne tarissent pas en faveur du partenariat public-privé en gagé voila une décennie entre l’Etat haïtien et les actionnaires de « Les Moulins d’Haïti » ex Minoterie d’Haïti. La compagnie vient verser 120 millions de gourdes de dividendes au Trésor pour l’année 2009
Devenue le symbole de réussite du processus de modernisation des entreprises publiques enclenché depuis une décennie, Les Moulins d’Haïti se réjouissent du partenariat public-privé qui permet au
Trésor public d’encaisser pour la seule année 2009, 120 millions de gourdes de dividendes. Somme que le président du conseil d’administration de l’entreprise, Carl F. Braun, a vite remise au Premier ministre, Michèle Duvivier Pierre-Louis ce vendredi, lors d’une courte cérémonie à la Primature. Plus de cinq milliards de gourdes ont ainsi été versés à l’Etat haïtien soit sous forme de paiement de taxes ou de dividendes en dix ans par cette entreprise.
En investissant plus de 700 millions de gourdes pour améliorer ses installations et augmenter sa capacité de production, Les Moulins d’Haïti qui fournissent, entre autres, de la farine supérieure et du son de blé pour la consommation nationale sont devenus en 2008, avec 1050 tonnes métriques de farine par jour, le plus grand moulin de la Caraïbe.
« Jusqu’en janvier 2009, seul le Mexique où la production de la farine de blé est subventionnée devance Haïti qui fait figure de pays très compétitif sur une liste de 17 pays de la région Amérique latine et Caraïbes », s’enorgueillit Carl F. Braun, président du conseil d’administration de Les Moulins d’Haïti, qui dit croire que la réussite de ce partenariat public-privé sera le modèle d’autres expériences.
« Convaincu que la modernisation des entreprises publiques n’apportera que des bénéfices à l’Etat et à la collectivité M. Braun affirme sans ambages que le cas des Moulins d’Haïti illustre bien la nécessité de moderniser d’autres entreprises publiques. Carl Braun est encore fier comme le jour du 30 septembre 1997 où son consortium formé par la Unifinance, la Continental Grain Company et la Seaboard Corporation avait gagné le marché avec une offre de 9 millions de dollars. Cette offre était supérieure d’un demi million de dollars américains à la soumission du concurrent nord-américain, la Archer Daniels Midland (ADM) et un groupe privé haïtien.
Avec plus de cinq milliards de gourdes versés à l’Etat sous forme taxes ou de dividendes en 10 ans d’activités sans subventions ni monopole, dans un marché libre où parfois la concurrence déloyale dérange, maintien des prix compétitifs, Carl Braun ne manque pas de concepts pour vanter la bonne santé de son entreprise et le succès de la modernisation. Que la population haïtienne soit informée des résultats de ce partenariat, de la capacité managériale de l’entreprise qui, grâce à sa rigueur arrive à produire des dividendes en plus du paiement des taxes », a pour sa part souligné le Premier ministre Michèle D. Pierre-Louis, qui a invité les adversaires de la modernisation à reconnaître le succès de cette bonne gestion maintes fois présentée en exemple.
« Avec plus de 600 millions de gourdes de dividendes en une dizaine d’années et plus de taxes versées à l’état régulièrement durant son existence par Les Moulins d’Haïti, alors que la Minoterie d’Haïti (ancien nom de « Les Moulins d’Haïti ») n’avait jamais versé de taxes à l’Etat haïtien. Les quelques revenus dégagés ont malheureusement servi à autres choses », a rappelé le coordonateur du Conseil de modernisation des entreprises publiques (CMEP),Yves Romain Bastien
Les Moulins d’Haïti ont prouvé que la pratique de modernisation porte fruit et nous ne pouvons qu’amplifier le processus, a encore indiqué le directeur du CMEP, qui garde encore en mémoire les démêlées de la minoterie défaillante.
Le capital de Les Moulins d’Haïti qui produit jusqu’à date exclusivement pour le marché local est reparti entre la Haïti Agro Processors Holdings (HAP), un consortium regroupant la Seaboard Corporation (23,33 %), la Continental Grain Company (23,33 %), la SNI Minoterie S.A. (23,33 %) et l’Etat haïtien (30 %). Au total, le capital haïtien représente 53,33 % dans l’actionnariat de l’entreprise contre 46,67 de capital étranger.
Pilier du processus de modernisation, le CMEP est un organe composé de cinq membres crée au milieu de multiples controverses sous l’égide de la loi du 26 septembre 1996 portant sur la modernisation des entreprises publiques. Cette institution a principalement comme charge de gérer le processus de modernisation soit sous la forme d’un contrat de gestion, de concession ou de capitalisation.
Cette dernière forme a été appliquée aussi bien dans le cas de la Minoterie d’Haïti devenue « Les Moulins d’Haïti SEM » que dans celui des Ciments d’Haïti SAM rebaptisée « Cimenterie d’Haïti SEM ». La capitalisation a donc permis de créer deux Sociétés d’Economie Mixte. Le CMEP a pour mission ultime de développer des partenariats entre l’Etat et le secteur privé et à mettre en place avec d’autres institutions de l’Etat des organes de régulation pour chacun des secteurs à moderniser (Ports, aéroports, électricité, eau, télécommunications, industries…).
La modernisation des entreprises publiques soulève généralement des controverses dans le rang des syndicats. Si dans l’industrie elle a déjà démarré, dans le secteur des services elle peine encore à décoller. L’exemple de l’unique compagnie de téléphonie cellulaire, Téléco, et de l’Autorité portuaire nationale (APN) saute aux yeux