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Actualités - novembre 19, 2009

Haiti /Ecologie : Des organisations de la société civile appellent à des négociations responsables au sommet de Copenhague

Papier de position de la société civile haïtienne par rapport aux prochaines négociations sur le climat à Copenhague / UNFCCC’s COP 15

Proposition au Gouvernement Haïtien

Port-au-Prince, 18 Novembre 2009

Les manifestations climatiques représentent de sérieuses menaces pour la survie de la planète. Elles se manifestent par une série de catastrophes socio environnementales avec des conséquences très néfastes sur les communautés les plus vulnérables, particulièrement ceux qui vivent dans les pays en développement du Sud ou dans les Petits états insulaires en développement.

Selon un rapport de la Banque Mondiale (The Economics of Adaptation to Climate Change, Avril 2008), les cinq plus grandes menaces liées aux changements climatiques sont : cyclones, inondations, sécheresse, élévation du niveau de la mer, incertitude dans l’agriculture.

D’autres catastrophes environnementales et sociales en découlent : raz de marée, famine, maladies, non accès aux services publics de base, augmentation des prix des denrées alimentaires de base, pour ne citer que celles-là.

Ces menaces affectent les pays moins avancés (PMA) et détériorent les moyens d’existence traditionnels des communautés. D’où des menaces sérieuses pour la survie et la durabilité de la Planète.

Dans les caraïbes, la situation n’est pas différente.

Cette région est affectée par les perturbations climatiques extrêmes (cyclones intenses, inondation plus fréquentes, sécheresses prolongées), l’érosion des zones côtières suite à l’élévation du niveau de la mer et l’apparition de nouvelles maladies d’origine hydrique……

A rappeler que dans les Caraïbes, plus de 70% de la population vivent et travaillent dans les zones côtières, si cette situation persiste, il en résultera une baisse significative de la situation économique, avec comme conséquences des pertes massives d’emploi, des conflits sociaux et une instabilité politique.

En 2007, les pertes dues aux changements climatiques étaient estimées à plus de 9,9 milliards de dollars US, et si rien n’est fait en terme d’adaptation, elles augmenteront.

Au vu de ces informations et dans le cas particulier d’Haïti, le changement climatique est à la fois un défi environnemental et un défi pour le développement.

Durant ces dix dernières années, Haïti a été frappée par des catastrophes naturelles qui ont causé d’importants dégâts matériels et de nombreuses pertes en vie humaine.

Citons, en exemple, le passage de la tempête tropicale Jeanne en septembre 2004, qui a occasionné la mort de plus de 2500 personnes.

L’année 2008 a été marquée par le passage de 4 tempêtes et dépressions tropicales avec des pertes de USD 229 millions au niveau de l’agriculture, sans mentionner plus de 4000 morts et disparus.

En outre, on évalue les dégâts à 15% du PNB – ce qui rend difficile le progrès économique futur.

Actuellement, environ un tiers de la population se trouve en insécurité alimentaire et Haïti importe déjà plus de 40% de sa nourriture.

Un rapport de la Banque Mondiale classe Haïti parmi les 10 pays les plus exposés aux sécheresses.

Les pays victimes sont ceux qui ont le moins de responsabilités dans cette crise climatique, occasionnée par le modèle de développement que prônent les grandes entreprises multinationales , les IFI (les Institutions Financières Internationales) et les gouvernements des pays développés, forts de leurs avancées technologiques et de leur capacité militaire.

Les pays développés sont responsables de la crise climatique et de ses corollaires, pour lesquels les populations des pays pauvres sont en train de payer un lourd tribut.

Malheureusement, en dépit de l’évidence criante des impacts des changements climatiques, certains pays développés continuent à s’accrocher à des solutions qui compromettent davantage les moyens d’existence des communautés des pays pauvres.

Forts de ces constats, nous, organisations de la société civile haïtienne, croyons qu’il est indispensable qu’un accord soit signé à Copenhague où les pays développés, (les Parties de l’Annexe 1) s’engageront :

1. – à réduire de façon significative leurs émissions de gaz, selon un calendrier précis ;

2. – à fournir les fonds et les moyens nécessaires pour la mise en œuvre des programmes d’adaptation dans les pays affectés, particulièrement les Petits Etats Insulaires en développement (PEID), en guise de réparation pour ce qui doit être considéré comme une dette écologique.

La position de la société civile haïtienne s’adresse à la fois au Gouvernement haïtien, pour son rôle à jouer et la position à prendre dans les négociations, et aux pays développés, dont les rôles dans la réduction des émissions et le financement des programmes d’adaptation s’avèrent cruciaux pour la survie de la plupart des pays insulaires dont Haïti et pour la survie de l’Humanité tout entière.

1. Recommandations au Gouvernement Haïtien

Du 7 au 18 décembre 2009, un nouvel accord devra être négocié à Copenhague, et, de ce fait, nous, organisations de la société civile haïtienne, demandons :

1. Au gouvernement haïtien d’avoir un agenda très clair pour ces négociations et de se rallier à certaines positions exprimées par la CARICOM lors de la rencontre préparatoire sur le climat, tenue à Sainte-Lucie, (Cf. Déclaration de Liliendaal).

Nous réitérons le souhait de voir prioriser l’approche régionale durant tout le processus préparatoire jusqu’au prochain cycle de négociations à Copenhague. En ce sens, le gouvernement haïtien devra établir un dialogue avec les autorités de la République Dominicaine de façon à définir une position commune et mettre en place des stratégies communes d’adaptation.

2. Au gouvernement haïtien de favoriser les discussions avec tous les secteurs de la vie nationale car la crise climatique nous concerne tous.

Contrairement aux négociations des années précédentes, la délégation officielle haïtienne devra avoir des représentants de différents secteurs : environnement, tourisme, économie, droits humains, coopérativisme, syndicat, éducation…

Cette délégation devra aussi inclure des représentants de la société civile, de la presse et d‘autres secteurs vitaux de la nation.

3. Au gouvernement haïtien de créer des mécanismes pour le renforcement de capacités notamment l’éducation sur les changements climatiques de façon formelle et non formelle.

En préparation à la réunion de Copenhague, le gouvernement haïtien doit relancer le dialogue avec tous les secteurs vitaux de la nation afin d’actualiser le PANA, vu le nombre d’années depuis que ce document a été élaboré.

2. La réduction des émissions de carbone

Nous pensons que les pays de l’Annexe 1 devront prendre des engagements pour réduire leurs émissions de plus de 40% d’ici à 2020, comme objectif à très court terme.

De plus, des signaux clairs et positifs doivent suivre ces engagements afin de parvenir à cette stabilisation du niveau de CO2 dans l’atmosphère à 350 ppm dans le but ultime de préserver notre planète.

Comme exemple de signaux de la part des pays industrialisés, les propositions de compensation suivantes aux pays pauvres doivent purement et simplement être rejetées : la captation et le stockage du carbone / le marché du carbone (REDD), les agro-carburants, l’installation de barrages hydro-électrique.

Nous pensons que la gestion rationnelle des forêts peut être assurée par les communautés qui y vivent, car c’est de là qu’ils tirent leurs moyens d’existence.

Toute autre forme de gestion, sous prétexte de piégeage du carbone, va favoriser le déplacement des communautés au niveau des forêts.

De plus, le principe de la mono plantation de la forêt est contraire aux dispositions prises dans la convention sur la diversité biologique.

Il faut de préférence proposer de nouvelles solutions qui soient durables, se démarquer du système économique productiviste, et réduire notre consommation et promouvoir des changements drastiques dans nos modes de vie.

La population, de son côté, devra adopter des mesures respectueuses de l’environnement, telles que : améliorer le système de transport, promouvoir les énergies renouvelables, particulièrement l’éolien et le solaire, pour ne citer que ceux-là.

3. Le Financement

Selon le rapport mondial sur le développement humain 2007/2008, le montant nécessaire à la mise en œuvre des programmes d’adaptation, pour les pays en développement, est estimé à plus de 86 milliards de dollars US/ an d’ici à 2012.

Ce montant ne représente qu’une infime partie du PIB des pays développés (0,2%) et le dixième de leur dépenses militaires actuelles (cf. rapport FOEI / Bali 2007).

Nous pensons que les pays développés devront apporter des fonds plus significatifs pour la mise en œuvre de pareils programmes afin de mitiger les effets des changements climatiques.

En d’autres termes, les pays riches, qui ont causé le réchauffement climatique en cours, ont la responsabilité et la capacité de fournir l’essentiel des fonds afin de remédier à l’injustice qui est au cœur du changement climatique.

Le financement international pour l’adaptation sera nécessaire pour permettre un large éventail de mesures, d’initiatives menées par les communautés et les stratégies de réduction des risques de catastrophe à long terme de la planification nationale et de la protection sociale face à l’inévitable impact.

Le changement climatique doit désormais être intégré à l’ensemble des politiques d’aide au développement.

La contribution au fonds d’adaptation ne doit pas être perçue comme une œuvre caritative de la part des pays responsables de la crise climatique, mais plutôt comme une obligation morale vis-à-vis victimes des changements climatiques.

Parallèlement, les pays industrialisés, pour le tort causé aux pays du Sud, devront annuler la dette externe et reconnaître leur dette écologique à l’égard de ces pays.

Les Pays Parties durant la COP 15 devront s’engager à la mise en place d’unités de facilitation régionale, qui travaillent avec les mécanismes existants de façon à alléger les procédures.

En matière de réponse, une responsabilité commune mais des apports différenciés.

 

L’Homme, face à ses responsabilités
Nous devons renverser la tendance,
il est temps d’agir,
Copenhague, un nouveau départ.

 

Pour les organisations de la société civile haïtienne :

Association pour la promotion de la santé intégrale de la famille (Aprosifa) / Rose-Anne Auguste

Panos Caraïbes Haïti / Cossy Roosevelt

Christian Aid / Ronald Labady

Oxfam Grande Bretagne (GB) / Yolette Etienne

Mouvman pou Ayiti Bèl (Mab) / Arnold Antonin

Haïti Survie / Tanis Liquide

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