FAO : L’agriculture d’Haïti nécessite 700 millions de dollars
L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a annoncé vendredi le lancement d’un appel aux bailleurs de fonds pour soutenir un programme d’investissement officiel haïtien de 700 millions de dollars en faveur du secteur agricole après le séisme du 12 janvier.
Il s’agit de réparer les infrastructures endommagées par le tremblement de terre, stimuler la production agricole nationale et créer des emplois pour les personnes fuyant Port-au-Prince.
Ce programme, élaboré par le ministère de l’agriculture, des ressources naturelles et du développement rural, propose des lignes directrices à l’aide internationale au secteur agricole pour les dix-huit prochains mois. Il constitue une des pierres angulaires de la stratégie du gouvernement pour la reconstruction du pays après le séisme du 12 janvier dernier.
La FAO et l’Institut interaméricain de coopération pour l’agriculture ont passé un accord avec le ministère pour soutenir ce programme gouvernemental.
« La situation alimentaire en Haïti était déjà très fragile avant le séisme et le pays était fortement dépendant des importations alimentaires », indique Alexander Jones, fonctionnaire de la FAO qui gère l’urgence en Haïti. « Alors que les populations fuient vers les zones rurales, la croissance du secteur agricole d’Haïti est désormais une priorité urgente et le plan du gouvernement haïtien, en fixant les priorités immédiates, vient à point nommé. »
Près de 60% des Haïtiens vivaient en milieu rural avant le tremblement de terre. Dans les zones rurales où la pauvreté est reine, 80% de la population vivent sur le fil du rasoir avec moins de deux dollars par jour.
Selon les estimations du gouvernement haïtien, quelque 32 millions de dollars sont requis dans l’immédiat pour l’achat de semences, d’engrais et d’outils agricoles afin que les agriculteurs puissent commencer à planter en mars pour la saison des semailles de printemps. Celles-ci représentent habituellement 60% de la production agricole.
Autres mesures à court terme envisagées par le programme gouvernemental : la réparation de la raffinerie de sucre de Darbonne près de Léogane, la protection des bassins versants, le reboisement, la reconstruction et le renforcement des berges des rivières et des canaux d’irrigation et la réhabilitation de 600 kilomètres de routes de desserte.
Le gouvernement recommande l’achat de milliers de tonnes de semences de céréales et de légumineuses produites localement et à l’étranger ainsi que d’outils et d’engrais. Il recommande également de soutenir la filière de l’élevage au cours des prochains dix-huit mois.
Les autres priorités officielles sont la relance d’un programme pour encourager la plantation de pommes de terre douces dans les dix départements administratifs d’Haïti et la construction de silos pour y stocker grains et autres denrées alimentaires en prévision des dégâts que ne manqueront pas de provoquer les ouragans attendus dans la région au cours des prochains mois.
La FAO s’apprête à lancer plusieurs projets tenant compte des priorités gouvernementales. A cet égard, elle puisera sur ses fonds propres et sur les fonds déjà reçus de l’Espagne, de la Belgique, du Brésil et du Canada.
En septembre 2008, le secteur agricole haïtien avait déjà subi de lourdes pertes du fait d’une succession de tempêtes tropicales et d’ouragans ayant dévasté des pans entiers du pays. Les régions dévastées n’avaient pas encore récupéré au moment où du séisme du 12 janvier.