Haïti : Un expert de l’ONU appelle à l’annulation urgente de la dette d’Haïti
Un expert indépendant des Nations Unies sur la dette extérieure et les droits de l’homme, Cephas Lumina, a appelé jeudi à l’annulation immédiate de la dette multilatérale d’Haïti et à l’octroi « de subventions d’aide sans conditions » et non pas de nouveaux prêts.
« La dette multilatérale d’Haïti doit être annulée sans condition, c’est une question d’une extrême urgence afin que le pays puisse dégager l’espace fiscal nécessaire alors qu’il se relève du tremblement de terre et avance vers sa reconstruction », a déclaré l’expert, chargé par le Conseil des droits de l’homme de travailler sur les effets des politiques de réforme économique et de la dette extérieure sur la jouissance effective de tous les droits de l’homme, en particulier des droits économiques, sociaux et culturels.
Cephas Lumina a salué la récente annonce par le Club de Paris, un groupe informel de 19 pays créditeurs, de l’annulation de 214 millions de dollars que leur devait Haïti. Toutefois, « cette décision est insuffisante pour garantir la durabilité de l’effort de relèvement, compte tenu du fait que le gros de la dette est détenue par des créditeurs multilatéraux », a-t-il averti.
Actuellement, Haïti doit environ 890 millions de dollars à ses créditeurs internationaux, dont 70% à des créditeurs multilatéraux, principalement la Banque interaméricaine de développement, à hauteur de 41%, et la Banque mondiale, à hauteur de 27%.
M. Lumina a estimé que le Fonds monétaire international (FMI) ignorait un conseil qu’il avait lui-même formulé en approuvant récemment un prêt sans intérêt de 114 millions de dollars à Haïti, dont le paiement sera dû après une période de cinq ans et demi. « Une nouvelle accumulation de dette insoutenable doit être évitée », a-t-il insisté, qualifiant le prêt du FMI de « profondément inapproprié ».
« Il est irréaliste d’attendre de la population haïtienne qu’elle puisse, sur une période de cinq ans, réunir les ressources nécessaires à rembourser cette dette. Il est également inapproprié de faire payer Haïti pour l’aide d’urgence », a insisté l’expert.
« Haïti a déjà enduré beaucoup de souffrances dans son histoire de nation indépendante, de par la répression, le manque d’appropriation de son agenda politique national, de la pauvreté, des catastrophes naturelles et de niveaux d’endettement insoutenables », a-t-il rappelé.