Haïti débat / Formation du prochain gouvernement : Nos ministres n’ont pas le sens de l’éthique
L’État haïtien est très faible. C’est un secret de polichinelle. Notre État ne s’est pas affaibli parce que nous n’avons pas de dirigeants. Tout le monde sait qu’il en a. Il s’est attendri à cause de l’irresponsabilité de nos responsables. Le mauvais comportement de nos chefs ramollit nos institutions. Les autorités haïtiennes ne dirigent pas les institutions dans le sens de l’intérêt de la population. Elles les conduisent suivant les intérêts du patron qui les a recommandés. Elles ne dirigent pas pour le peuple, mais pour leur parrain. Nos institutions ne desservent pas la population.
L’irresponsabilité et les mauvaises pratiques de nos dirigeants posent le problème de l’éthique de nos responsables. Les institutions étatiques sont destinées à fournir du service à la population. Loin de servir le peuple, les institutions haïtiennes sont instrumentalisées. Elles sont des tremplins politiques. Obsédés par ses dividendes et celles de ceux qui les ont parrainés, nos dirigeants n’ont pas le sens de l’éthique.
Il faut préciser que le terme éthique vient du mot grec éthos qui veut dire mœurs. Il interroge les valeurs morales et les principes moraux qui devraient orienter nos actions, dans différentes situations. L’éthique n’est pas la morale. Elle l’étudie. Elle analyse ses conséquences sur notre vie. Elle examine les retombées de nos actions. Examiner l’éthique de nos dirigeants, c’est analyser les conséquences de leurs actes sur notre vie. La population haïtienne soufre beaucoup, et même trop, des mauvaises actions des responsables haïtiens.
Poser le problème de l’éthique des dirigeants haïtiens ne veut pas dire que toutes les autorités haïtiennes sont des corrompus. Personne ne peut oublier le passage remarquable de Nesmy Manigat et de Stéphanie Balmir Villedrouin, pour ne citer que ces deux-là, à la tête respectivement des Ministères de l’éducation nationale et du tourisme.
« À chaque fois qu’un ministre prend les rênes d’un Ministère, il arrive en mission. Souvent dans les remaniements ministériels, les ministres reconduits sont gardés pour avoir bien fait le boulot de ceux qui les ont recommandés. Le président de même que les parlementaires ont leurs ministres », déplore Présimon Jean, lors de la retransmission de l’émission Haïti débat du jeudi 2 mai 2019, tout en exigeant à nos ministres de faire preuve de l’éthique.
Le linguiste, présimon Jean, reconnait, toutefois, qu’il vous faut du courage pour faire preuve de l’éthique. Le problème de l’éthique des dirigeants haïtiens ne met pas en question le niveau de formation des autorités haïtiennes. On peut être un magistère dixit, mais sans éthique. « Nous n’avons pas besoin de seulement de gens qui savent lire. Nous avons besoins, non seulement des intellectuels, mais aussi des gens qui ont de l’éthique », exhorte le journaliste politique Présimon Jean.
L’un des facteurs qui dérange la bonne marche de l’État, nous dit Campane Joseph, c’est l’absence de continuité dans les projets. Selon lui, si nous n’osons pas dénoncer les mauvais comportements de nos dirigeants dans l’administration publique, nous reproduisons toujours les mêmes actes. « Nos parlementaires aiment les ministres les plus incorrects », souligne le Juriste Campane Joseph.
Alors que le dollar américain passe cette semaine à 90 gourdes, certains rapports montrent que nous perdons chaque année sur la frontière près de 650 millions de dollar. « Je crois qu’il incombe à nous les citoyens de faire front commun pour renforcer nos institutions », nous recommande Ené Val.
Mozard Lombard,
Communicateur Social, Journaliste,
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