Haïti débat / La lettre des 4 sénateurs adressée au président du Grand Corps et le cabinet de Lapin : Incohérents, ces sénateurs de l’opposition ne représentent pas la position qu’ils défendent
Dans une lettre destinée au président du Sénat, Carl Murat Cantave, les 4 sénateurs, qui représentent l’aile dure de l’opposition, expriment les conditions qui faciliteront la reprise de la séance de ratification de l’énoncé de la déclaration de politique générale du cabinet du premier ministre nommé, Jean Michel Lapin. Bien qu’elles soient appuyées de prescrits constitutionnels, ces conditions ne valident pas la position des parlementaires.
Pour la reprise de la séance, les 4 sénateurs de l’opposition exigent au président du Grand Corps la présentation au Sénat d’un cabinet ministériel complet sans cumul de poste, le retrait du cabinet des ministres ayant fait partie du gouvernement de Céant, la mise à la disposition du groupe les dossiers de tous les ministres et la convocation en urgence d’une conférence des présidents pour statuer sur le comportement de Joseph Lambert à l’égard de Ricard Pierre.
Le Sénat de la République est composé présentement de 29 membres. Normalement, 4 sénateurs ne devaient pas représenter un obstacle pour la tenue d’une séance. Le parlement a un pouvoir d’assemblée. Ce qui y compte, c’est la loi de la majorité. En se servant de la violence pour bloquer la séance de ratification du cabinet de Lapin, les 4 sénateurs cherchent à s’imposer. Ils exercent des pressions pour s’imposer comme une force politique en vue de faire passer leurs revendications intéressées fondées sur les intérêts de la population.
Bien que la politique, du point de vue pragmatique, soit un rapport de force, le comportement de ces 4 sénateurs n’entre pas dans le cadre d’une bataille démocratique. Ces derniers ont mis les autres sénateurs en otage.
« Les 4 sénateurs ont un comportement anti-démocratique et dictatorial. Pour faire passer un point de vue au parlement, il faut utiliser l’arme de la dialectique. Dans une assemblée politique démocratique, il est important de respecter la loi de la majorité. Bien que la majorité n’ait pas toujours raison », nous dit le politologue Ené Val, lors de la retransmission de l’émission Haïti débat du vendredi 17 mai 2019.
Il est à noter que ces 4 sénateurs de l’opposition ont entériné en septembre 2018 le gouvernement de Céant avec près de huit ministres reconduits. En 2016, ils ont accepté de reconduire près de sept ministres dans le cabinet de l’ancien PM, Énex Jean Charles. La stipulation de la constitution qui interdit de reconduire des ministres censurés ne valide pas la position des sénateurs.
La position des 4 sénateurs face à la tenue de la séance de ratification du gouvernement de Lapin montre que quand des ministres sont reconduits dans le sens de leurs intérêts, cela ne leur constitue aucun problème. Mais, quand les ministres sont ramenés contre leur caprice, cela les dérange.
Incohérents, nos parlementaires ne font que défendre leurs intérêts personnels. Dans ce pays, nos acteurs sont plus aptes à détruire qu’à construire. En Haïti, les protagonistes de l’opposition revendiquent toujours la défense de la population.
« Nous exigeons que le président respecte la loi. Nous continuerons de charrier les revendications de la population et dénoncer les méfaits », a signifié le sénateur du Département des Nippes, intervenant sur les ondes de la Radio au cours de l’émission du lundi 20 mai.
Joint au téléphone, le député de Kenscoff, Alfredo Antoine, rappelle que ces 4 sénateurs étaient au parlement quand le gouvernement d’Énex Jean Charles s’est fait ratifier en 2016. Dans ce cabinet, l’ancien sénateur Simon Dieuseul Desra était en même temps ministre de l’environnement et celui de la défense.
« En 2005 n’importe qui pouvait occuper trois postes. Les sénateurs doivent se montrer cohérents », déplore le député de Kenscoff, avant d’ajouter que « nous avons rencontré les chefs de l’exécutif. Nous les avons exigés clairement de compléter la liste. Nous n’avons pas de gouvernement légitime. L’international n’a pas de vis-à-vis. L’intérêt de la nation devait primer sur celui du particulier ».
Mozard Lombard,
Communicateur Social, Journaliste,
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