Haïti/Société : Ti Sentaniz mise en dessin animé
La Fondation Maurice A. Sixto vient de lancer la version ‘’dessin animé’’ de Ti Sentaniz, l’une des œuvres les plus popularisées de Maurice Sixto. Cette réalisation de la Fondation se veut le pilier fondamental de la campagne de sensibilisation baptisée ‘’ Yon Ayiti san Restavèk’’ qu’elle a lancée en octobre de l’année dernière.
Les planches réalisées par Jud-Alix François rendent beaucoup plus saisissante les tristes conditions de vie de ces enfants haïtiens que la société n’a pas favorisés. Les dessins collent au texte et à la voix de Sixto en dépit de certaines redondances et du fait aussi que certains sont figés.
N’était-ce cette campagne de sensibilisation que tout un chacun doit soutenir, d’aucuns pourraient juger sévèrement le dessinateur à cause d’une habitude auditive ; car, pour l’instant encore l’on a l’impression, que le narrateur que l’on écoute depuis des années domine l’œuvre. La façon dont Maurice Sixto dépeint la ‘’vie’’ de Ti Sentanix est si totale par rapport à ce cas, bouleversante, émouvante, les critiques les plus exigeants peuvent bien se demander : Etait-ce nécessaire ? Puisque dans la voix de Sixto porte àl’image, elle vous force au premier moment à voir cette image qui n’en était pas une, et au fil du temps par un effet d’association mentale l’image revient à chaque fois que l’on écoute Ti Sentaniz. Ceci demeure valable pour d’autres œuvres de Sixto telles Zabèlbok, Gwo Moso, Leya Kokoye…et Père Tamba qui est, la rigueur, plus froide.
Malgré tout, l’on demeure convaincu que cette version de l’œuvre de Sixto peut aider pédagogiquement les enfants et les jeunes haïtiens à ouvrir les yeux sur cette réalité de vie macabre enracinée dans la société laquelle ne parvient jusqu’à date à se débarrasser de cette survivance du système colonial et esclavagiste.
Dans le monde d’aujourd’hui, l’image parle. Dès que l’on a l’image ‘’ No comment’’ ! Bien venue à cette version de Ti Sentaniz !
Je prie qu’elle soit au niveau de la consommation comme ‘’ Ti Joël’’ que les enfants adorent, comme ‘’ Tom and Jerry’’, ‘’Le Roi Lion’’, ‘’ Tarzan’’, Cendrillon’’, etc.
Ti Sentaniz en dessin animé fait penser à Kirikou. Les histoires sont fondamentalement différentes, mais l’on peut les faire entrer dans une même perspective, celle qui consiste à amener les enfants à voir de plus près certaines réalités de leur société. Désoccidentalisation du film animé !
Ti Sentaniz, cette œuvre de Maurice Sixto n’a pas pris de rides. L’on a eu récemment les versions françaises et anglaises réalisées par la Fondation Jean-Robert Cadet pour une plus large diffusion dans d’autres espaces linguistiques.
Elle n’a pris de rides, la réalité qu’elle traduit est davantage vivante, car aujourd’hui encore près de 300 mille enfants haïtiens vivent en domesticité. Il y a de fortes probabilités que ce nombre augmente au cours de prochains mois à cause du tremblement de terre du 12 janvier qui vient de vider sur le pavé de centaines d’orphelins.
Apres la lecture de ’’Restavèk’’, texte autobiographique de Jean-Robert Cadet, j’avais nourri l’envie de voir un jour son adaptation au cinéma. Avec cette version de Ti Sentaniz mon envie devient beaucoup plus grande.
J’ose espérer !
Idson Saint-Fleur,saintfleuri@yahoo.fr