Haïti débat / Jovenel Moise et la crise politique du pays : Le président de la République perdure la crise
Plus que jamais, la détérioration de la situation sociopolitique et économique du pays fait peur. Le dollar américain atteint la barre de 95 gourdes. Le coût de la vie ne cesse d’augmenter. La population s’enfonce dans une misère létale. Les politiques, qui devaient renverser la vapeur, nous conduisent tout droit dans un précipice.
Plus que jamais, la suite de cette année 2019 s’annonce extrêmement difficile. La possibilité de respecter les échéances au combien importantes pour soulager le sort de la population est complètement réduite.
Le pays frôle la descente dans l’abime depuis le milieu de l’année 2018 avec les événements des 6 et 7 Juillet contre la montée du prix du carburant qui allait avoir des incidences sur le coût de la vie. Au lieu que s’améliorait la situation du peuple après cette mobilisation populaire, le sort de la population s’envenimait au point de voir éclater la société pendant dix jours en février dernier.
Depuis le renvoi du gouvernement de Céant, qui n’a pas pu redresser la barque, nous entamons un processus d’interimat qui n’en finit pas. Le président de la République a monté un gouvernement avec près de huit membres reconduits. Avec ces huit membres reconduits inconstitutionnellement, la crise devient plus grave. Après deux séances avortées au Sénat de la République, une troisième, qui n’a pas pu se réaliser, a occasionné le saccage d’une partie des locaux du parlement.
Le président s’entête. Au lieu d’entendre la voix de la raison pour débrouiller la situation, un groupe de 60 députés pro-présidentiel envisage, sous son influence, de remettre sa démission en vue de rendre caduc le parlement haïtien. Cette démarche montre à quel point le chef de l’État s’accroche plus qu’à ses ministres, qui ne fournissent aucun résultat depuis 2 ans, qu’aux prescrits de la constitution et à la population qui ne peut plus attendre.
« Le président doit être au-dessus de la mêlée. On peut ne pas être d’accord avec les actes posés par le groupe des 4 sénateurs. Mais, il faut admettre que leur revendication est plus proche de la loi que la position du palais national », explique Présimon Jean, lors de la retransmission de l’émission Haïti débat du vendredi 31 mai 2019, indiquant que puisque leur revendication se rapproche de la constitution, elle doit être prise en considération.
On est président, on est chef, ajoute l’analyste politique, lorsqu’on agit suivant la loi. Si Jovenel Moise aime vraiment le pays, pour une fois, il doit faire quelque chose. Il préfère un éclatement social au lieu de renvoyer les huit ministres. Quand on est président de la République, vous devez être en mesure de se transcender.
Face à cette dérive de l’État, le politologue Ené Val pense que nous devons chercher un autre vocable pour parler de la politique en Haïti. « La politique qui vise l’amélioration des conditions de vie de la population se fait contre ses intérêts. Ce qui se fait sur l’échiquier politique haïtien, c’est de la politique politicienne », a-t-il souligné.
Mozard Lombard,
Communicateur Social,
Journaliste/Rédacteur de la Radio Télé Scoop,
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