Manifestation du dimanche 9 Juin: Le comportement des manifestants montre que la population tire la leçon des exactions des mobilisations précédentes
Plusieurs milliers de personnes ont foulé le macadam à Port-au-Prince, ce dimanche, pour réclamer le départ du chef de l’État et la réalisation du procès Petro Caribe. Au moins un mort a été enregistré. Le bilan de la journée est plutôt favorable. Il n’y a pas deux façons, c’est la démission. Il faut que le procès se réalise. Tels sont les deux slogans principaux imprimés sur les T. shit et les pancartes que portent les manifestants.
Dans plusieurs endroits de la capitale haïtienne, dans la matinée du dimanche 9 juin 2019, entre 7 et 9 heures, un calme plat a été observé, ont témoigné les reporteurs de la Radio Télé Scoop, dans les premières évaluations de la journée. Les activités fonctionnent au ralenti. Sur la route de l’aéroport, le transport en commun est assuré par les camionnettes et les motocyclettes. Des petits marchands ont été observés au bord de la rue. Les fidèles religieux ont pris, comme à l’accoutumé, le chemin de l’église.
Au fil du temps, le trafic en voiture se diminue, sous pression de certains supporteurs du mouvement. Vers les neuf heures, le rassemblement, qui commençait bien avant, s’amplifie au carrefour de l’aéroport sous le viaduc. Deux mobiles assurent l’animation musicale avec des pneus enflammés dans plusieurs points. Arrivée aux environs de 10 heures, une foule immense a rejoint la colonie de manifestants sur place qui danse, chante et lance des propos hostiles contre le président de la République et certains autres acteurs présents sur les lieux accusés de responsables aussi de la pérennisation du système contre lequel le peuple se bat. Sans tarder, la manif a pris la direction du Champs de Mars, en passant par Pétion Ville, pour forcer le chef de l’État à jeter l’éponge.
Tout au long du parcours, on brulait des caoutchoucs. Les manifestants continuent de chanter et scander des expressions défavorables au chef de l’État. L’ambiance était plutôt de bon enfant jusqu’à l’avenue John Brown où les agents de la police nationale ont procédé au lancement de gaz lacrymogène et de coups de feu qui ont occasionné la mort d’un jeune homme dans les parages de la DDO pour empêcher aux manifestants d’atteindre les environs du Palais National.
Outre cet incident, des changements ont été observés dans le comportement des protestataires qui, ordinairement au cours des manifestations, commettent des exactions, effectuent des actes de vandalisme, des casses et des scènes de pillage. Une tentative d’incendie de la pompe à essence « Sol », à Delmas 34, contre laquelle presque toute la population s’était levée et d’effraction constaté aux champs de mars pour pénétrer l’enceinte du supermarché « Roi des Rois » à la rue Capois, tout près du bâtiment en ruine du Rex Théâtre, a été évitée.
Ce changement observé dans le comportement des manifestants montre qu’ils ont tiré la leçon des derniers événements, qu’ils ont pris conscience de la conséquence de la destruction des biens publics et privés sur leur propre vie.
Mozard Lombard,
Communicateur Social,
Journaliste/Rédacteur de la Radio Télé Scoop,
Tél : (509) 3147-1145,
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