Haïti débat / La mobilisation du dimanche : Le peuple a gagné les rues pour réclamer le changement et la modernité, déclare Gabriel Fortuné
Le pays entre depuis tantôt 11 mois dans un cycle interminable de mobilisation presque tous les trois à quatre mois. Cette vérité n’est pas insignifiante. Elle pose le problème de la crise généralisée que traverse la société haïtienne ces derniers temps et elle dévoile toutes les faces du système politique haïtien, creuset de tous les malheurs de la nation, qui est hors d’haleine.
La mobilisation de ce dimanche 9 juin 2019 laisse entrevoit une évolution, qui est une note positive, dans le comportement des manifestants. Les protestataires, revendiquant le chambardement total du système et la démission du président de la République pour faciliter la réalisation du procès Petro Caribe, se sont montrés plutôt non violents en suivant un parcours presque sans casse, sans pillage des entreprises privées et publiques, malgré le bilan présenté par le secteur démocratique et populaire, faisant état de 7 morts, 43 blessés et 70 arrestations à l’échelle nationale.
Ce constat ne doit pas occulter l’ampleur de la crise qui, si les acteurs ne trouvent pas un terrain d’entente dans les plus brefs délais, peut déboucher sur une situation inédite dans l’histoire du pays. « J’aimerais que la population comprenne la dimension de la crise. C’est une crise généralisée. Face à cette situation, les autorités doivent prendre les mesures appropriées », exhorte le politologue Ené Val, lors de la retransmission de l’émission Haïti débat du lundi 10 juin 2019, tout en félicitant la population pour le bon comportement qu’elle a adopté au cours de la manif du dimanche.
« Quand on se manifeste, on procède à la destruction des biens d’autrui, on n’est point intelligent. On est intelligent, quand on ne détruit pas les propriétés des autres », a indiqué l’analyste politique et ingénieur, Présimon Jean, estimant que nous vivons dans un pays où l’on n’offre aucune opportunité à la jeunesse et où il n’y a pas de dirigeants.
En dépit de tout, le maire démissionnaire des Cayes, Gabriel Fortuné, croit qu’il y a de l’espoir, tout en reconnaissant que le système arrive à son terme. « Le système est essoufflé depuis pas mal de temps. Mais, il y a beaucoup de gens qui se battent pour maintenir le statu quo », a-t-il fait savoir.
Gabriel Fortuné invite tous ceux qui disent vouloir une autre Haïti à la réflexion en vue de proposer une nouvelle alternative. Il invite le chef de l’État à parler de changement avec les gens qui étaient dans les rues, ce dimanche, ainsi que les acteurs de l’opposition. « Le changement s’impose. Aujourd’hui, le peuple gagne les rues pour réclamer le changement et la modernité », affirme Monsieur Fortuné, indiquant que tous les personnalités épinglées dans le rapport doivent comparaitre devant leur juge.
L’ancien maire de la ville des Cayes dit prendre au sérieux la crise. « Nous devons nous arrêter de banaliser les affaires sérieuses. Cela fait 30 ans depuis que nous banalisons la politique. Nous avons 30 ans depuis que nous jouons au malin. Aujourd’hui, nous sommes obligés de prendre au sérieux le pays », exige Gabriel Fortuné. Selon lui, si la crise est dégénérée à ce niveau, c’est parce que les autres protagonistes n’ont pas de nouvelles alternatives.
De son coté, André Michel, qui n’a pas caché sa satisfaction de la réussite de la mobilisation à travers le pays, croit que le message de la population est clair. « Jovenel Moise doit démissionner. Nous vivons dans un pays où il n’y a pas d’hôpitaux, d’écoles, où la population ne peut pas manger, alors qu’un groupuscule de gens a volé près de 4.2 milliards de dollar. Cette situation est inacceptable », a déploré le représentant du secteur démocratique et populaire.
Mozard lombard,
Communicateur social,
Journaliste/Rédacteur de la Radio Télé Scoop,
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