Haïti débat : La crise politique : Malgré le calme apparent après l’échec de la mobilisation de l’opposition, Jovenel Moise est pris entre l’enclume et le marteau
Depuis quelques jours, nous constatons une baisse apparente de la tension sur le pays. Après l’échec de la mobilisation annoncée pour les 6 et 7 juillet écoulés, la manifestation n’est pas dans l’air du temps. Pour beaucoup de gens, le mouvement du secteur démocratique et populaire est complètement cassé. Le président, qui est en grande difficulté en raison de son incapacité à doter le pays d’un gouvernement légitime pour surmonter la crise, devait profiter de cette aubaine.
La population a besoin de respirer après les derniers événements qui viennent de secouer le pays. Pour cela, le chef de l’État doit absolument trouver un consensus avec ses frondeurs. Pourtant, il est pris entre l’enclume et le marteau. Il ne peut ni envoyer Lapin au parlement ni choisir un autre PM sans une minimum d’entente avec ses opposants pour finalement fournir au pays un cabinet ministériel légal. Il n’y a pas de passerelle entre le président et l’opposition. Tant que passe le temps, le problème deviendra de plus en plus grave.
Pendant que le président doit saisir l’occasion, cela ne veut pas dire pour autant qu’il doit agir de manière impulsive. La situation, il faut le reconnaitre, est inextricablement compliquée. Ainsi, Garry Pierre Paul Charles croit que le temps est à la réflexion sereine. Ce qui veut dire que dans ce climat d’incertitude, nous devons prendre les décisions, sans pression, de façon délibérée. Le directeur de la Radio Télé Scoop nous recommande de présenter une vraie alternative fondée sur une base solide.
Aujourd’hui, nous dit le journaliste sénior, c’est un faux problème de penser à remplacer Lapin. Le problème n’est pas véritablement le premier ministre nommé, mais de préférence le conflit qui existe entre le président et les acteurs de l’opposition. « C’est le comportement de Jovenel Moise vis-à-vis des protagonistes de l’opposition qui peut faire ratifier un PM au parlement », affirme-t-il, avant d’ajouter que si jamais Lapin sera substitué, il faut penser à mettre quelqu’un qui inspire confiance.
Alors que le président de la Chambre Basse, Gary Bodeau exige la formation d’un gouvernement de cohabitation, les députés de l’opposition déclarent cette semaine qu’il n’y aura jamais de séance à la Chambre tant qu’on n’a pas mis dans l’ordre du jour de quelle que soit l’assemblée la mise en accusation du président de la République.
Nos Élus ne se disposent pas à débrouiller la crise politique qui bouleverse le pays. Nous avons beaucoup de difficultés. Le taux d’inflation, rappelle le journaliste politique Présimon Jean, est à 18%. La BRH vient d’injecter sur le marché national 40 millions de dollar pour freiner son escalade, il ne cesse en dépit de cette résolution de grimper.
À en croire Campane Joseph, si les problèmes ne sont pas encore résolus, c’est parce que nos dirigeants n’ont pas de vision. Le politologue dit constater aussi la complication des problèmes du pays. Selon lui, si le président ne peut choisir un PM, c’est parce qu’il n’a la majorité nulle part dans le parlement.
Le juriste Ené Val dénonce notre manque de volonté véritable de nous mettre ensemble pour trouver une solution par rapport aux difficultés que rencontre le peuple. D’après lui, le pays n’empruntera une bonne marche qu’à partir du comportement adopté et de l’engagement pris par tous les citoyens.
Mozard Lombard,
Journaliste/Rédacteur de la Radio Télé Scoop,
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