Haïti débat / Mairie de Port-au-Prince : les camions municipaux ne ramasseront plus d’ordures en raison de la fermeture du site de Truitier, une décision irresponsable
La mairie de Port-au-Prince encourage l’insalubrité. Elle conditionne la population à renforcer le spectacle de détritus qui jonchent presque toutes les artères de l’aire métropolitaine qui fait de la capitale haïtienne l’une des premières villes la plus sale de la région.
Dans un communiqué de presse rendu public ce mercredi 17 juillet 2019, l’Administration communale de Port-au-Prince a annoncé que les camions de la mairie ne pourront plus effectuer le ramassage d’ordures comme à l’accoutumée en raison de la fermeture de la décharge de Truitier.
Cette mesure témoigne de l’irresponsabilité et du manque de compréhension des dirigeants de la municipalité de la mission de l’institution. Une mairie est la première instance concernée par la gestion d’une ville. Une ville ça se gère en permanence. Sa gestion ne peut pas s’arrêter. Cesser de prendre les déchets à domicile dans une ville insalubre comme Port-au-Prince, c’est cesser de la gérer en offrant l’opportunité à nos citoyens de semer des immondices partout dans les rues. Cette décision aura des conséquences très graves. Elle détériorera davantage les lieux de passage et de circulation.
Diriger, comme dit-on, c’est prévoir. Gouverner, c’est avoir le sens de l’anticipation. Il est trop simpliste pour une municipalité de décider à surseoir au ramassage de détritus dans une zone juste parce qu’un site de décharge est fermé. La population ne peut pas garder à domicile les déchets. De toutes les façons, il lui faut un recours. Nous n’avons déjà pas une bonne éducation civique. Nous développons une très mauvaise relation avec notre environnement ce qui entraine la si grande dégradation de notre milieu. Les autorités communales de Port-au-Prince, au lieu de penser à trouver d’autres lieux de décharge, conditionnent les habitants à ne pas changer de comportement.
Il est inadmissible de compter seulement sur le site de Truitier pour desservir une mégapole d’environ 3 millions d’habitants comme Port-au-Prince. Les responsables se doivent de créer d’autres voiries.
L’administration communale, dit la note, demande à la population de faire preuve de patience, en attendant la réouverture de Truitier. Cela veut dire, tant que ce lieu de décharge ne se rouvert pas, les habitants doivent conserver leurs déchets à la maison. Pour être réaliste, les gens ne vont jamais garder chez eux les fatras. Ils vont sans nul doute les jeter quelque part. En général, les endroits qui servent de lieux de décharge à Port-au-Prince sont les carrefours, les trottoirs, les coins des façades des murs des entreprises. Au lieu d’aplanir les problèmes de la saleté de la capitale, cette résolution va l’empirer davantage.
L’administration communale, par ailleurs, tout en présentant ses excuses à la population, dit promettre d’assurer les suivis avec les instances concernées pour résoudre ce problème le plus tôt que possible. Cette déclaration indique, implicitement, que la mairie n’est pas concernée par ce problème. Il est à remarquer que ce n’est pas parce que le site de Truitier est fermé que la question de détritus pose problème. Elle devient un problème parce que tout simplement, les autorités de l’institution ne se décident pas à chercher d’autres endroits pour les déverser. Nos maires, pour la plupart, sont trop attentistes. À l’exception de quelques-uns, ils attendent tout de l’État central.
Joint au téléphone, le directeur général du Service National de Gestion de Résidus Solide (SNGRS) a démenti cette information de l’édilité de Port-au-Prince indiquant que la décharge de Truitier est fermée. « Aujourd’hui, le site de Truitier est opérationnelle. Il n’est pas fermé. Le site se ferme par moment, mais il ne se ferme jamais de manière définitive. C’est là que toutes les mairies de la zone métropolitaine déchargent leurs immondices », a expliqué Anel Bruno, avant d’ajouter que nous assistons toujours les mairies bien qu’elles disposent de leur propre système de voirie.
Mozard Lombard,
Journaliste/Rédacteur de la Radio Télé Scoop,
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