Haïti débat / Le gouvernement de Fritz William Michel et la crise haïtienne : Ce cabinet n’a pas été monté pour dénouer l’imbroglio politique
Malgré la constitution du nouveau cabinet, la crise du pays est loin d’être résolue. L’imbroglio politique persiste. Les contentieux sont encore là. Les problèmes sont mal abordés. Les décisions sont maladroites. Les acteurs n’ont pas encore trouvé la formule appropriée pour dénouer l’embrouillement.
Alors que tout le monde s’attend à ce que les représentants des trois pouvoirs de l’État haïtien, à savoir l’exécutif, le législatif et le judiciaire, trouvent l’alchimie pour sortir le pays de cette impasse dans laquelle il est acculé depuis quelques temps, les autorités n’agissent que dans le sens de la défense de leurs intérêts à travers la mise en place d’un gouvernement paritaire et juvénile qualifié de toute sorte : de diversion, distraction, séduction.
Pour beaucoup, le président jette de la poudre aux yeux de la population. Le chef de l’État ébloui le peuple parce qu’il n’a pas introduit ce gouvernement juvénile de parité pour faire baisser la tension. Au contraire, pour plus d’un, il s’agit d’une provocation. Certains membres de ce cabinet nouvellement constitué n’ont pas les compétences requises pour remplir la mission. Leur choix n’est pas cadré avec les défis qui l’attendent. Il y en a qui sont choisi, mais qui étaient chassés pour incompétence à des postes incomparablement inférieurs.
Il est inadmissible de diriger une nation sur des bases de copinage. Jusque à quand prendra-t-on ce pays au sérieux ? Il est à remarquer que le problème ne réside pas vraiment dans la jeunesse de nos ministres. La compétence n’a pas d’âge. On peut être très jeune et en même temps très compétent. Le problème ne réside pas non plus dans l’égalité de genre. Il ne saurait être un problème pour une femme d’occuper une fonction pourvue qu’elle ait les capacités nécessaires. Le pouvoir ainsi se lance dans des activités de saupoudrage.
La constitution de ce gouvernement ne va pas débrouiller la crise parce qu’elle n’est pas indexés sur les exigences du moment ni sur les attentes des protagonistes. Elle n’est pas greffée sur les revendications, les intérêts de tous les acteurs.
« Je crois que le chef de l’État, dans ses consultations avec les présidents des deux branches du parlement, ne tient pas compte de la force réelle de l’opposition », indique Garry Pierre Paul Charles, analysant la situation politique du pays, au cours de la retransmission de l’émission Haïti débat de ce lundi 29 juillet 2019.
Toutefois, il reconnait que par rapport au dossier Petro Caribe, les autorités ne peuvent pas monter le cabinet de manière idéale. « Les dirigeants ne peuvent pas donner le portefeuille du ministère de la justice par exemple à n’importe qui », souligne-t-il pour essayer de comprendre les enjeux.
En insistant sur leurs intérêts propres, les autorités ont fait omission de ceux des autres, notamment de la population. Ce cabinet n’a pas été monté pour en finir avec la crise. Il n’a pas été formé en accord avec les acteurs de l’opposition.
La situation est telle que l’on peut se demander comment s’en sortir. Bien qu’elle soit inextricablement compliquée, ce n’est pas une raison pour ne pas chercher à l’atténuer. Le problème, insiste le PDG de la Radio Télé Scoop, ce n’est pas le cabinet en soi, mais de préférence, le président de la République et les présidents des deux chambres. La difficulté demeure dans la façon dont certains de ses membres ont été catapultés dans des postes ministériels.
« Il n’est pas normal de tout faire à un pays. On ne peut pas donner à n’importe qui la charge d’un ministère », conteste le juriste Campagne Joseph.
Pour débloquer la crise le politologue Ené Val dit croire qu’il faut à nos dirigeants une conscience de citoyens. Car, la population arrive à un stade où elle ne peut plus supporter.
Mozard Lombard,
Journaliste/Rédacteur de la Radio Télé Scoop,
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