Haïti débat / La crise économique haïtienne : Une situation qui alimente la pauvreté dans le pays
Haïti, depuis quelque temps, est englué dans une crise. Cette crise est multidimensionnelle. Ces derniers temps, la gaucherie de nos dirigeants ravive sa dimension politique. Autant que sa nature politique, sa proportion économique accélère la pauvreté du pays.
Incapable de développer les ressources du pays pour produire de la richesse à grande échelle, par manque de vision et de projet, l’État hatien devient de plus en plus pauvre. Depuis avant le tremblement de terre du 10 janvier 2010, 2/3 de la population haïtienne vit avec moins d’un dollars us par jour.
Si 2/3 de la population dispose de moins d’un dollars au quotidien, il faudra repenser la classification de la société haïtienne. L’histoire divise cette société en trois classes : bourgeoise, moyenne et défavorisée. À noter qu’en France, nous dit Présimon Jean, pour faire partie de la classe moyenne inférieure, un citoyen doit être en mesure de gagner quotidiennement au moins 35 euro, ce qui donne approximativement 5 milles gourdes en Haïti.
Tenant compte de la réalité socio-économique d’Haïti d’aujourd’hui, quelqu’un qui est dans la classe moyenne inférieure en France, qui peut à peine se procurer un minimum de confort, vit de très loin dans de très meilleures conditions que ¾ des habitants haïtiens. Le citoyen haïtien vit très au-dessous de l’exigence humanitaire.
La population haïtienne ne se retrouve pas dans cette situation de si grande pauvreté par hasard. En dehors de la question de la corruption qui gangrène Haïti, le budget national est incompatible à l’ensemble des habitants du pays. Pour près de 12 millions habitants, notre budget prévisionnel annuel ne dépasse pas la barre de 2 milliards de dollars américains.
Nous sommes, détaille l’analyste politique, Présimon Jean, 10 fois plus pauvres que les dominicains qui ont un budget annuel de 20 milliards de dollars et 6 fois plus pauvres que les jamaïcains qui sont au nombre d’environ 1 million dont le budget est plus que 6 milliards de dollars.
Cette réalité n’est pas donnée. Nous ne produisons pas assez. Les entrepreneurs du pays n’investissent pas dans la production nationale. Ils ont préféré de se convertir en revendeurs. Le peu de production dont nous disposons n’est pas organisé. Nous sommes en retard par rapport à la révolution industrielle du 18e siècle.
Nous ne sommes pas des contribuables. Nous ne payons pas de taxe qui est le principal moyen qui permet à l’État de renflouer sa trésorerie. L’État est si pauvre parce que les citoyens haïtiens ne payent pas d’impôts. Les autorités ne prennent pas, de leur côté, les mesures appropriées pour les forcer à répondre à cette obligation.
Ainsi, le juriste Campane Joseph dénonce le mauvais comportement de nos citoyens. « Nous, les citoyens haïtiens, nous développons un mauvais rapport avec l’État. Nous exigeons du service, mais nous ne voulons pas contribuer à augmenter les recettes de l’État », a déploré le journaliste politique.
Pour porter les gens à changer de comportement, le politologue Ené Val croit que nous avons besoins des dirigeants courageux qui peuvent prendre les grandes décisions.
Mozard Lombard,
Journaliste/Rédacteur de la Radio Télé Scoop,
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