Haïti débat / Ingérence de la Communauté internationale en Haïti : la classe politique haïtienne doit reconnaitre son échec
Il existe un vide linguistique pour baptiser la crise chronique qui mortifie le peuple haïtien depuis plus d’un an. Le pays fait face à une crise sans nom, il faut le reconnaitre. Cette crise traduit l’échec total de la classe politique haïtienne qui n’a jamais cessé de s’entredéchirer. Alors que le pouvoir en place est totalement dérouté et logiquement décrié, l’opposition politique n’a, jusqu’à date, pas su trouver l’inspiration nécessaire pour proposer à la nation une alternative probante pouvant persuader la population de la sincérité de sa volonté pour extraire la masse populaire de la misère.
Incapable d’honorer ses promesses, pendant que la situation du peuple haïtien de jour en jour se dégrade, le pouvoir ne peut renaitre de ses cendres. Il est unanimement admis que l’administration de Jovenel Moise a fait fiasco. Le constat est tel que les alliés du président de la République sont perçus comme les mailles d’une chaine qui s’égrènent successivement jusqu’à sa disparition.
Le chef de l’État, présentement, se retrouve dans une mauvaise posture. Il est plus que jamais acculé. Il peut difficilement s’adresser à la nation et circuler en dépit de son long cortège hautement sécurisé. Le défi est immense. Le président vient de se disparaitre de la scène durant plus d’une semaine pour refaire surface ce mercredi 3 octobre à Pétion Ville.
Pendant que le président endosse le manteau de marquis, l’opposition politique haïtienne, qui ne cesse de réclamer sa démission, intensifie la mobilisation pour l’enfoncer dans son sépulcre. Entre temps le pays confronte une cascade de pénuries. D’abord, une pénurie de carburant qui a déclenché le dernier soulèvement ; ensuite, une pénurie de l’eau et maintenant une carence alimentaire. Cette crise de nature politique prend une proportion humanitaire depuis quelques jours.
Dans cette situation d’extrême dégénérescence de la crise, nous nous sommes exposés à tous. Nous sommes devenus, non seulement une menace pour nous-mêmes, mais aussi pour les autres. Consciente de cette réalité, face à notre incapacité à débrouiller la crise, la communauté internationale, dont la principale mission est de protéger ses intérêts, s’immisce dans notre pathologie en convoquant à la file indienne les représentants des différents secteurs de la vie nationale.
Lundi dernier les partenaires internationaux d’Haïti ont convoqué des membres relativement assimilés à l’aile dure de l’opposition. Ce mercredi, ils ont rencontré une autre catégorie désignée sous le nom de l’opposition modérée. On annonce déjà une réunion avec le secteur économique pour ce weekend avant de fixer sa position définitive dans un communiqué.
Cette initiative de l’international a suscité un tollé dans les médias électroniques et numériques. Le regroupement de la communauté des pays ayant des relations diplomatiques avec Haïti est accusé d’ingérence dans cette crise interne du pays. Nous devons nous ramener à la raison. Nous ne vivons pas en autarcie. Nous vivons dans un monde globalisé. Tant que nous ne faisons pas la paix entre nous, nous ne faisons pas preuve de maturité, de responsabilité, les étrangers nous donneront toujours des directives. La classe politique haïtienne doit reconnaitre son échec.
Mozard Lombard,
Journaliste/Rédacteur de la Radio Télé Scoop,
Tél : (509) 3147-1145,
Email : lmozardo10@gmail.com