Haïti débat / Les décisions d’État prises par le président : Jovenel Moise veut-il déclencher les hostilités pour le chambardement du système ?
Après la résolution du président de la République, au lendemain de la conférence de presse qu’il a donné, dans son sérail au palais National, le mardi 15 octobre dernier, de sommer la compagnie SOGENER de payer l’État haïtien la dette de 233 millions de dollars américains sur les contrats d’énergie électrique, Jovenel Moise, empêtré avec une crise interminable qui le pousse vers la sortie, est passé à l’action.
Décidément, il veut prendre le taureau par les cornes. Le chef de l’État, qui s’est prononcé récemment contre les gardiens et les héritiers du système qui manigancent pour le renouveler, a décidé cette semaine d’annuler toutes les franchises douanières et de résilier tous les contrats d’énergie électrique.
La question de la franchise, c’est-à-dire est un droit d’exemption de taxe et d’exploitation, nous devons l’admettre, constitue l’un des nœuds gordiens sur lequel est fondé ce système très controversé aujourd’hui. On ne pourra jamais révolutionner l’ordre d’établissement actuel sans reconsidérer les exonérations accordées à un groupuscule de personnes qui creusent des inégalités explosives en leur laissant un boulevard pour s’enrichir au détriment de la masse populaire fourvoyée dans la misère.
Au regard du contexte sociopolitique actuel où des grandes figures de la bourgeoisie qui supportaient le président au début de son mandat s’aligne sur les revendications du moment exigeant, entre autres, sa démission, la résolution du chef de l’État dégage un esprit de confrontation. Certains pourraient même la définir comme une décision politique. Politique ou pas, pourvu qu’elle aille dans le sens de l’intérêt du pays, elle est juste et correcte.
D’autres voix peuvent avancer que cette volition arrive trop tard. Trop tard ou pas, pourvu qu’elle aille au profit du peuple, elle est valide. Il n’est jamais trop tard pour renverser une vapeur. Tous les chambardements se produisent à partir d’un événement. Pour actionner une machine, il faut un déclic.
Cette question de la franchise accordée aux plus fortunés du pays avachit les inégalités sociales. C’est un dédouanement mercantile. C’est une décharge spéculative. C’est un circuit de corruption. L’État haïtien perd chaque année en moyenne 20 milliards de gourde sur le franchising, autrement dit 4 milliards de dollars haïtien, 250 millions de dollar américain.
Cette question de la franchise appauvrit le franchiseur, à savoir l’État haïtien, et enrichit les franchisés, c’est-à-dire, les bénéficiaires qui se disposent déjà de toutes les richesses du pays. Pour couronner le tout, les franchisés exploitent les non franchisés qui sont les véritables contribuables de l’État.
Si cette mesure est jugée nécessaire et correcte, elle ne doit pas être pour autant une décision d’éblouissement qui se contente d’attaquer et de dénoncer les gardiens et les héritiers du système. Elle doit être découlée d’une volonté réelle pour le changement radical du système que cherche la population en s’appliquant dans la transparence.
Mozard Lombard,
Journaliste/Rédacteur de la Radio Télé Scoop,
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