Haïti débat / Le phénomène de Pays lock : Ce phénomène a agrandi les barricades sociales
Pour porter le président de la République, Jovenel Moise, à la démission, les acteurs de l’opposition politique haïtienne ont utilisé comme stratégie de lutte le barrage des rues. Un mois après le phénomène de pays lock, Jovenel Moise est toujours au pouvoir, mais les barricades sociales s’agrandissent.
Durant plus de deux mois, les objecteurs du pouvoir en place ont appuyé sur les problèmes sociaux pour convaincre une bonne partie de la population à bloquer les différentes artères de nos principales villes. Ils ont persuadé les militants à croire que leur avenir réside derrière leur barricade, contrairement à ce que l’on enseigne dans les autres sociétés. L’éducation, dit l’autre, est l’arme la plus puissante pour changer le monde.
Le phénomène de pays lock était en réalité une activité de destruction sociale. Elle n’a rien apporté à la population et elle n’y apportera rien, même si le président de la République avait tiré sa révérence. Les problèmes n’aurait pas été différents avec un autre chef d’État. Ils ne seront pas résolus par une baguette magique.
Si l’économie du pays avait été effondrée avant les 10 jours de blocage au début de cette année 2019, du 7 au 16 février dernier, après les trois mois qui viennent d’être passés, c’est-à-dire de septembre à novembre, notre situation économique devient pire.
Aucune société ne peut survivre sans économie. L’économie d’un pays est une activité vitale. Elle ravive tous les secteurs. En détruisant gratuitement notre économie, nous avons détruit gracieusement la nation. Maintenant, pour relancer le pays, nous allons devoir faire un effort surhumain.
Si avant les deux périodes de blocage nous étions faibles, maintenant nous sommes devenus encore plus vulnérables. Si nous étions pauvres avant, présentement nous nous appauvrissons davantage.
Nous sommes arrivés à un stade d’appauvrissement exagéré, alors que le pays fait face à une situation d’insécurité outrepassée. De plus en plus, les zones de non droits se multiplient. Les armes qui sont en circulation dans le pays sont innombrables. Il y a une prolifération de gangs armés. Le pays n’est pas sûr. Pour le rassurer, nous allons devoir déployer beaucoup plus d’effort qu’avant.
Pendant que notre économie se dépérit, nous faisons face à une situation d’insécurité inquiétante, les activités scolaires doivent reprendre complètement sur toute l’étendue du territoire national dans quelques jours, au début du mois de janvier prochain.
Si les parents étaient dans une situation difficile avant, cette fois ils auront encore plus de difficultés pour envoyer leurs enfants à l’école.
La population a été, au fait, naïvement manipulée. Au lieu de réfléchir ensemble sur les problèmes qui paralysent le pays pour y apporter des solutions, nous avons poussé des militants à barricader les rues pour combattre les barricades sociales qui deviennent aujourd’hui plus grands.
Mozard Lombard,
Éditorialiste de la Radio Télé Scoop,
Tél : (509) 3147-1145,
Email : lmozardo10@gmail.com