Sorti de son mutisme, Jude Célestin se prononce pour le départ de Jovenel Moise du pouvoir le 7 février 2021, condamnant le dechoukaj
Jude Célestin est sorti de son silence de plomb. Après son grand retrait de la scène politique, l’ancien candidat à la présidence des élections de 2015-2016 exprime sa position sur le sujet brulant de la date de la fin du mandat du chef de l’État qui fait la une des actualités en Haïti. Le mandat du président Jovenel Moise se termine le 7 février 2021, tranche-t-il, se référant à la constitution amendée de 1987.
Seule la Constitution est juge du mandat des élus, déclare Monsieur Célestin dans une adresse à la nation diffusée ce mercredi 3 février en cours. À cet égard, explique-t-il, les articles 134-1 et 134-2 de la Charte de 1987 amendée sont péremptoires : le mandat du président Jovenel Moïse se termine le 7 février 2021. Et si, en raison de la longueur du processus électoral enclenché en 2015, des doutes devaient persister dans certains esprits tordus, obnubilés par l’ambition ou des fantasmes de longévité, la résolution du CEP de Léopold Berlanger les efface totalement en rappelant aux participants à ces joutes la règle constitutionnelle que le mandat des futurs élus, parlementaires et président, débutait dans l’année 2016. Résolution que d’ailleurs avait endossée le Core Group dans sa note du 9 novembre 2016 où il réitérait sa solidarité avec le peuple haïtien et saluait la volonté de tous de parachever le cycle électoral.
Ancien candidat à la présidence et principale victime du hold-up électoral du régime Tèt kale, sans jamais avoir concédé la victoire à M. Jovenel Moïse, poursuit Jude Célestin, j’ai choisi de faire très peu d’interventions tout le long de son mandat. Cette attitude procédait d’un souci purement patriotique de ne pas mettre d’entraves à la concrétisation des promesses électorales de ce candidat, du moment qu’elles pouvaient éventuellement apporter du bien-être à ce peuple que j’avais choisi de servir avec amour et dévouement. Mais l’autocratie, l’autoritarisme, la mégalomanie et l’absence de vision de monsieur Jovenel Moïse ont jeté le peuple haïtien dans l’enfer de la misère, de l’insécurité et de l’instabilité. Alors, le silence n’est plus de mise.
Au lieu de « donner à manger au peuple haïtien et d’augmenter son pouvoir d’achat », critique le président de la Ligue Alternative pour le Progrès et l’Émancipation Haïtienne, la mauvaise gouvernance, le gâchis administratif et l’impéritie de l’équipe au pouvoir ont conduit à l’effondrement des institutions étatiques. Avec le pullulement des gangs armés, l’insécurité généralisée et le kidnapping, la peur s’est installée dans les foyers. Si rien n’est fait, « la guerre de tous contre tous » bouleversera les prochains jours et l’avenir de la nation.
Ma qualité de légaliste, d’institutionnaliste, d’homme de compromis et de dialogue, ajoute de surcroit le fondateur de LAPEH, ma mission auto-choisie de vigile des valeurs démocratiques dans cette Haïti qui se cherche condamne sans appel le chaos, ainsi que l’anarchie, la violence et le dechoukaj. Aussi ai-je décidé de rompre une fois de plus le silence pour en appeler à monsieur Jovenel Moïse et lui demander de respecter son serment et ses engagements constitutionnels. Qu’il se ressaisisse afin d’épargner au pays un bain de sang, car le peuple haïtien n’acceptera pas l’inacceptable ni ne supportera l’insupportable.
Chers compatriotes, écrit Jude Célestin, aujourd’hui, le compte à rebours commence et marche inexorablement vers la sortie de monsieur Jovenel Moïse du Palais national le 7 février 2021. Je m’associe à vous, de tout mon cœur et de toute la puissance de ma conviction de patriote infatigable et incorruptible, pour monter la garde au chevet de cette Haïti qui dépérit sous la poigne maladroite d’une équipe sans vison ni idéal et qui a plongé notre patrie dans les affres de la misère, de l’insécurité, du kidnapping et de la peur.
« Bon combat pour la reconquête de notre dignité et de notre souveraineté, pour une Haïti libre, indépendante, démocratique, prospère et solidaire », souhaite-t-il à ses concitoyens.
Mozard Lombard,
Éditorialiste chez Radio Télé Scoop,
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